Charles-Henri Sanson

Charles-Henri Sanson était un bourreau parisien qui a vécu entre 1739 et 1806. Il a exécuté près de 3000 personnes durant sa carrière, dont le roi Louis XVI puis différents révolutionnaires comme Robespierre.

Bourreau de père en fils

Charles-Henri Sanson est né à Paris en 1739. Il appartenait à une famille de bourreau de père en fils depuis 1688. Son grand-père, par exemple, était celui qui avait exécuté le bandit Cartouche en 1721.

Charles-Henri Sanson a d’abord été élevé dans un couvent de Rouen. Toutefois, les bourreaux devaient vivre à l’écart du reste de la société et leurs enfants ne pouvaient pas aller à l’école avec les autres. Aussi, quand le père d’un autre élève a appris la profession de la famille Sanson, Charles-Henri a été contraint de quitter le couvent. Il a alors reçu une éducation privée grâce à un précepteur, puis il a suivi les enseignements de l’université de Leyde, aux Pays-Bas. À cette époque, il souhaitait en effet devenir médecin et ne pas reprendre la charge familiale.

À 15 ans, il a néanmoins dû abandonner ses études et assister son père dans sa tâche de bourreau de Paris, car celui-ci était resté gravement handicapé après un accident. Il a également aidé son oncle, bourreau de la Cours du Roi de Versailles. A 18 ans, il a ainsi participé à l’exécution de Robert-François Damiens qui avait tenté d’assassiner le roi Louis XV. En 1778, a 39 ans, il a finalement repris officiellement la charge de bourreau de Paris ainsi que celle de bourreau de la Cour du Roi à Versailles.

Torturer et exécuter

En tant que bourreau, il était chargé d’appliquer les peines décidées par la justice, que ce soit les peines corporelles (flagellation, marquage au fer rouge, amputation, etc.) ou les peines de mort (le plus souvent par pendaison, mais aussi par décapitation, écartèlement, noyade, etc.). Charles-Henri Sanson devait également faire avouer les accusés en les faisant passer au supplice. Toute la difficulté étant alors de ne pas les faire mourir pendant la torture, afin qu’ils tiennent jusqu’au jour de leur exécution.

Après 1789 et la Révolution, la torture préalable à l’exécution a été abolie et la peine de mort ne s’est plus faite que par décapitation. Charles-Henri Sanson a d’ailleurs participé aux premiers essais de la guillotine sur des cadavres humains puis des chèvres vivantes. Il a été le premier bourreau à s’en servir sur un condamné en 1792.

Durant toute sa carrière, il a exécuté environ 3000 personnes, essentiellement pendant la Révolution. Parmi ses victimes les plus célèbres, on compte le roi Louis XVI et les révolutionnaires Danton, Robespierre et Camille Desmoulins. Il a eu jusqu’à 6 assistants et formé de nombreux bourreaux qui ont ensuite exercé dans d’autres villes que Paris.

Une vie au ban de la société

Au moyen-âge, en raison de la tâche qu’ils accomplissaient, les bourreaux étaient stigmatisés et devaient vivre à l’écart de la société.

Ils devaient porter des vêtements rouges pour que tout le monde puisse les reconnaître et s’éloigner d’eux. Ce costume est par la suite devenu obligatoire seulement pour les exécutions, mais les bourreaux ont dû continuer de porter un insigne sur leurs vêtements — comme un gibet ou une main tenant une épée — afin d’indiquer leur profession. Charles-Henri Sanson ne dérogeait pas à la règle, même s’il était toujours habillé de façon élégante et jouait même au gentilhomme.

Les bourreaux et leurs enfants ne pouvaient pas non plus se marier avec des femmes issues de famille exerçant une autre profession que la leur. Ce qui aboutissait d’ailleurs parfois à des mariages consanguins, puisque le nombre de familles de bourreaux était finalement assez restreint en France.

De même, les enfants de bourreau ne pouvaient pas aller à l’école ou suivre une formation d’apprentie pour un autre métier que celui de leur père.

Enfin, les bourreaux devaient vivre en dehors de la ville où ils exerçaient, même s’il était toléré qu’ils habitent dans la dépendance du pilori, où les sévices corporels étaient affligés aux condamnés. À Paris, Charles-Henri Sanson avait ainsi hérité du pilori qui se trouvait à côté du marché des Halles, au niveau de l’actuel croisement de la rue Rambuteau et de la rue Mondétour. Ce pilori était composé d’une tour de pierre octogonale, dont l’étage supérieur était percé de grandes fenêtres sur toutes ses faces. Au milieu de cette tour, il y’avait une roue en bois, tournant sur pivot, et percée de trous par lesquels on faisait passer la tête et les bras des personnes condamnées afin qu’elles soient exposées au public. Charles-Henri Sanson disposait d’un logement au rez-de-chaussée de cette tour, mais en réalité, il ne s’en servait que pour ranger ses outils et préférait vivre avec sa famille dans un bel hôtel particulier, situé rue de l’enfer. En effet, même s’ils étaient stigmatisés, les bourreaux bénéficiaient de revenus confortables. Surtout à Paris.

Pilori des Halles (dessin de Claude-Louis Bernier datant du 18ème siècle)

Privilèges

Pour contrebalancer leur condition de paria, les bourreaux avaient plusieurs privilèges. Charles-Henri Sanson était exempté de certaines taxes. Il avait la possibilité de revendre tout ou partie des corps des suppliciés. Il avait un droit de « havage » qui l’autorisait à se servir gratuitement chez certains marchands du marché des Halles, dans la limite de ce que sa main pouvait contenir. Il jouissait également de plusieurs impôts et redevances, comme le péage du petit pont à Paris.

Du reste, après la Révolution, le statut des bourreaux a changé. Ils n’ont plus été obligés de vivre au ban de la société et sont devenus des citoyens de pleins droits droits. Charles-Henri Sanson a voulu en profiter pour démissionner et enfin changer de métier, mais la République le lui a refusé en le suspectant d’être favorable au roi et à l’ancien régime.

Mort

En 1790, Charles-Henri Sanson a pris son plus jeune fils comme apprenti, mais celui-ci est mort après avoir chuté de l’échafaud en voulant présenter une tête à la foule lors d’une exécution. La charge familiale a alors été reprise par le fils aîné de la famille, qui était capitaine de la garde nationale de Paris, et que Charles-Henri Sanson destinait plutôt à une carrière militaire.

Charles-Henri Sanson est mort le 4 juillet 1806. Il a été enterré au cimetière de Montmartre à Paris.

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