Une mobylette devant le Panthéon couvert de drapeaux français.

Le Panthéon

Le Panthéon a été construit entre 1757 et 1790. C’est Louis XV, en 1744, qui a fait le vœu de faire ériger cette église dédiée à Sainte-Geneviève s’il survivait à une grave maladie dont il pensait alors mourir.

Le projet a été confié à l’architecte Jacques-Germain Soufflot qui a accouché d’un projet de style néo-classique reprenant la façade du Panthéon de Rome et le dôme du Tempietto de l’église San Pietro in Montorio. Afin de mettre en valeur la future église, il a aussi entrepris la percée de l’actuelle rue Soufflot, ainsi que la construction de la Faculté de Droit, à laquelle on donna en 1844 un jumeau, l’actuelle Mairie du 5e arrondissement.

Le bâtiment a été achevé en 1790. Néanmoins, il n’a pas été consacré en tant qu’église. En effet, à ce moment, Louis XV était déjà mort, la France n’était plus une monarchie et les bâtiments religieux étaient désacralisés et vendus comme biens nationaux.

Un temple républicain

Finalement, en 1791, le bâtiment a donc été transformé en « Panthéon » par l’Assemblée constituante de la 1ère République. Le but était d’y recevoir les tombeaux des personnalités exceptionnelles qui ont contribué à la grandeur de la nation, comme le faisaient déjà les Anglais à Westminster à Londres. Les militaires illustres ont toutefois continué à être honorés au Panthéon militaire des Invalides.

Dans le cadre de cette transformation de l’église en Panthéon, l’architecture du bâtiment a été modifiée : suppression des deux clochers prévus initialement, obturation des trente-neuf fenêtres de la nef, retrait de la croix au sommet du dôme … croix qui a d’ailleurs ensuite été remise en 1822 lors de la période de Restauration, puisque le bâtiment est alors redevenu une église, puis sciée par les communards en 1871, puis remise en 1873 et finalement laissée en 1885 lorsque l’église a de nouveau été transformé en Panthéon lors du transfert des cendres de Victor Hugo.

Mirabeau — écrivain, diplomate, journaliste et homme politique français, figure de la Révolution — a été le premier à entrer au Panthéon en 1791. Il a aussi été le premier à en être sorti trois ans plus tard, quand on a découvert les courriers qu’il avait secrètement échangés avec Louis XVI en espérant qu’il le nomme ministre. Jugé indigne du Panthéon, il y a été remplacé par Marat, qui a lui aussi été retiré après quelques mois plus tard, après la fin de la Terreur.

Suite à cela, il a été décidé d’attendre dix ans après la mort de quelqu’un, avant de le faire entrer au Panthéon. Les deux autres conditions étant que la personne soit de nationalité française et qu’une partie de ses restes soient « disponibles ».

L’inhumation de Voltaire au Panthéon en juillet 1791. Gravure de Simon-Charles Miger (1817)

Aujourd’hui, y sont notamment inhumés Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Victor Hugo, Louis Braille, Sadi Carnot, Émile Zola, Jean Jaurès, Jean Moulin, Jean Monnet, Pierre et Marie Curie, André Malraux ou encore Alexandre Dumas. Un tiers sont des francs-maçons (Voltaire, Félix Eboué, Victor Schœlcher, Pierre Brossolette, Jean Zay, Lannes, Mirabeau, Marat, Gambetta, Simone Weil).

Une prison pour les grands personnages ?

À noter qu’en 1968, un groupe baptisé les anti-indéboulonnables, constitué d’étudiants des écoles et des universités alentour, estimait que l’État avait privé de leurs libertés et de leur repos les grands hommes inhumés au Panthéon en les instrumentalisant pour la gloire de la France et pour le divertissement des touristes.

Inspiré du surréalisme et du dadaïsme, ces Anti-indéboulonnables se réunissaient dans un café de la place de la Sorbonne à côté de l’éditeur Nizet et élaboraient des plans visant à récupérer les dépouilles des personnes enterrées afin de leur trouver des lieux d’inhumation ou ils pourraient trouver le repos : Jean-Jacques Rousseau à Montmorency, Victor Hugo à Besançon, ou encore Félix Éboué en Guyane.

Ce projet n’a toutefois jamais été mis à exécution… comme beaucoup de projets révolutionnaires fomentés par des étudiants du Quartier latin en 68.

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