« La vie, c'est Paris ! Paris, c'est la vie ! » (Marie Bashkirtseff)


Louis Dominique Cartouche

Louis Dominique Cartouche – dit Cartouche – est un célèbre bandit du début du 18ème siècle et une figure historique de Paris.

Les débuts

Cartouche est né en 1693 dans du Rue du Pont-aux-Choux, dans le 3ème arrondissement de Paris. Enfant, il a été élève dans une école prestigieuse du Quartier latin, le Collège de Clermont, aujourd’hui appelé collège Louis le Grand. Après en avoir été rapidement exclu, il a commencé à faire les poches des passants dans les rues de Paris. Et cela, sans doute dans le but d’offrir le fruit de ses larcins à une jeune fille dont il était amoureux. Afin de mettre un terme à cette situation, son père — tonnelier et ancien militaire d’origine allemande — a décidé de le faire interner dans une maison de redressement. Pour s’y soustraire, le jeune Cartouche s’est enfui. Il a ensuite été recueilli par une bande de Tziganes qu’il a suivi sur les routes.

Portait de Cartouche (gravure datant du 18ème siècle)

Quelques années plus tard, et après de multiples péripéties, il est devenu laquais pour un marquis de la région normande… avant d’être congédié lorsque son employeur a appris qu’il jouait et trichait aux cartes pour de l’argent. Cartouche a alors monté une petite bande de voleurs, mais il a été rapidement été repéré par les autorités locales qui l’ont contraint à devenir informateur.

Une armée pour le roi … ou une armée de bandits ?

Fuyant une fois encore, Cartouche s’est engagée dans l’armée. Y servant en tant qu’enrôleur, il y a été chargé de recruter de nouveaux soldats pour l’armée du Roi, en allant de village en village et en y promettant aux jeunes une bonne paye et une meilleure une vie s’ils rejoignaient l’armée royale. Jouant double jeu, il profita de cette activité pour constituer sa propre armée de voleurs… en promettant à ses interlocuteurs une vie encore meilleure qu’au sein de l’armée ! C’est ainsi qu’il est retourné à Paris avec une bande composée d’une centaine d’hommes et de femmes soumis à une organisation et à une discipline s’inspirant de celles des militaires (qui n’étaient pas aussi bien organisée qu’aujourd’hui). La bande s’est également constitué un solide réseau d’informateurs, d’armuriers et de receleurs.

L’apogée

Pendant des années, Cartouche et sa bande ont attaqué des carrosses faisant le trajet entre Paris et le palais de Versailles, dévalisé des bijouteries et cambriolé des hôtels particuliers dans la capitale.

Attaque de carosse (estampe de Jacques Callot datant du 17ème siècle)

Diverses anecdotes — réelles ou fictives — ont contribué à le rendre célèbre à cette époque. Un jour, il aurait ainsi sauvé du suicide un commerçant criblé de dettes en remboursant ses créanciers… avant de les voler. Une autre fois, il aurait dérobé une épée destinée au régent Philippe d’Orléans, puis l’aurait restitué en s’apercevant qu’elle était factice en l’accompagnant d’un mot indiquant qu’il la rendait au « premier voleur du Royaume ». Une autre fois encore, sa bande aurait participé à un carnaval en y promenant une charrette avec des mannequins représentant des policiers et en incitant la foule à les frapper. En s’attaquant de cette façon aux puissants, et en les ridiculisant, Cartouche est devenu très populaire auprès des Parisiens et des Français exploités par la noblesse et les bourgeois. À son apogée, sa bande aurait réuni près de 2000 membres.

La chute

Bien que recherché par les autorités, Cartouche ne se cachait pas vraiment et fréquentait les tavernes et les cabarets parisiens, comme celui qui se trouvait dans la maison de la colombe sur l’île de la Cité. C’est d’ailleurs à Paris qu’il a finalement été arrêté en 1721, au milieu des Courtilles, le quartier où il avait grandi, où son père était tonnelier, et qui se situait en haut de l’actuelle rue du Faubourg-du-Temple. Après son arrestation et sa condamnation, il a été torturé dans le but de lui faire avouer l’identité des membres de sa bande. Il a gardé le silence juste au jour de son exécution, où il a fini par céder, furieux que sa bande ne soit toujours pas venue le délivrer. Suite à ses aveux, plus de 350 de ses complices ont été arrêtés. Il a quant lui été exécuté sur la place de Grève en subissant le supplice de la roue, infligé par le bourreau Charles Sanson, et consistant à se voir briser toutes ses articulations à coup de barre de fer après avoir été attaché à une roue en bois.

 

Supplice de la roue (estampe de Jacques Callot datant du 17ème siècle)

La mort n’a cependant pas sonné la fin de Cartouche. Au contraire, son exécution en a fait un martyr et l’a fait entrer dans la légende. Sa mémoire n’a cessé d’être entretenue au fil des siècles à travers toute une succession de poèmes, chansons, pièces de théâtre, puis films de cinéma.

Jean-Paul Belmondo interprétant Cartouche dans le film éponyme de 1962

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