« La vie, c'est Paris ! Paris, c'est la vie ! » (Marie Bashkirtseff)


Amélie Élie, alias Casque d’Or

Amélie Élie — surnommée Casque d’Or — était une prostituée parisienne. Elle a été rendue célèbre par la presse en raison de son implication dans un affrontement entre deux bandes de voyous en 1902 et elle a finie par devenir un personnage historique de Paris !

Prostitution

Amélie Élie est née en 1870 à Orléans, puis a rapidement déménagé à Paris avec ses parents. Elle a ainsi grandi dans une petite chambre de l’impasse des Trois-sœurs, près de la rue Popincourt, dans le 11ème arrondissement. Ce quartier était insalubre. On y trouvait essentiellement des ouvriers, des chiffonniers et des marginaux. L’espérance de vie enfants y était sept fois inférieures à celle des beaux quartiers de la capitale. Et une fille sur dix finissait par s’y prostituer.

La rue Popincourt vers 1900

À quatorze ans, Amélie Élie a perdu sa mère et s’est retrouvée à la rue. Elle a alors été recueillie par une péripatéticienne qui se faisait appeler « Hélène de Courtille » et qui vivait dans le quartier de Belleville, dans le 20ème arrondissement. Cette dernière l’a alors mise sur le trottoir afin qu’elle se prostitue elle aussi. C’est à cette époque qu’Amélie Élie a pris le surnom de Casque d’Or en raison de sa chevelure blonde coiffée de façon à ressembler à un casque.

Casque d’Or à trente ans (photographies datant de 1902)

Triangle amoureux et bagarres entre bandes

Après avoir fui un autre proxénète sous la coupe duquel elle était tombée, Casque d’Or, alors âgée de dix-neuf ans, est tombé amoureuse de Joseph Pleigneur, dit Manda. Ce dernier, âgé de vingt-deux, était le chef d’une bande du quartier de Charonne et il était notamment connu pour ses compétences dans la fabrication d’outils de cambrioleur, comme de fausses clefs ou encore des pinces coupantes.

Amélie Élie a continué de se prostituer et Manda était souvent absent. C’est ainsi qu’en 1902 elle a rencontré un certain Dominique Leca, ancien militaire et chef d’une autre bande située dans le quartier de Popincourt, le quartier où elle avait grandi.

Manda et Leca photographiés lors de leur arrestation en 1902

Manda n’a pas accepté que Casque d’Or le quitte et — accompagné de sa bande — il s’en est alors pris à Leca qui a fini par recevoir par un coup de couteau. Manda a été arrêté par la police, mais Leca a refusé de témoigner contre lui et il a été libéré. L’affrontement entre la bande de Charonne et celle de Popincourt s’est donc poursuivi durant plusieurs jours, dans différents quartiers de Paris, à coup de couteau, de hachette et de revolver. Manda a été de nouveau arrêté et envoyé en prison grâce au témoignage des parents de Leca.

Entre-temps, toute cette affaire avait attiré l’attention de la presse en plus de celui de la police.

Casque d’Or et deux acteurs rejouant l’affrontement de Manda et Leca dans un théâtre en 1902

Célébrité

En effet, en ce mois de janvier 1902, l’histoire a fait la une de la presse qui s’est indignée de la présence de ces bandes de voyous au milieu de Paris, de l’insécurité régnant en ville et de l’incapacité des autorités à y mettre fin. Un journaliste du Petit Journal écrivit ainsi : « Ce sont là des mœurs d’Apaches, du Far West, indignes de notre civilisation. Pendant une demi-heure, en plein Paris, en plein après-midi, deux bandes rivales se sont battues pour une fille des fortifs, une blonde au haut chignon, coiffée à la chien ! ».

Au-delà de l’indignation, le public s’est piqué d’intérêt pour Casque d’Or, la prostituée qui a suscité les passions et pour qui des dizaines d’hommes se sont battues dans la capitale. Amélie Élie a alors été sollicitée afin de poser pour des photographes et des peintres. Des cartes postales et des tableaux ont été faits à son effigie et des chansons ont été écrites pour narrer ses aventures. Elle a même engagé pour jouer son propre rôle au théâtre. Cela lui a permis de gagner de l’argent et de vivre confortablement avec Leca pendant un temps.

Casque d’Or posant devant le peintre Albert Depré vers 1902

Mais même si Manda était emprisonné, les affrontements entre sa bande et celle de Leca se sont poursuivis et ce dernier a également été enfermé. En mai 1902, Manda et Leca ont été jugées et condamnées aux travaux forcés au bagne à Cayenne, en Guyane. Leca s’en est évadé en 1916 et n’a pas été retrouvé. Manda a été libéré en 1922, mais n’a pas été autorisé à revenir à Paris.

Personnage historique de Paris

Casque d’Or, quant à elle, s’est vue proposer de publier ses mémoires sous la forme d’un feuilleton dans les colonnes de la revue littéraire Fin de Siècle. Ce qu’elle fit durant l’été 1902. Le préfet de police lui a toutefois interdit de se produire de nouveau sur scène.

En 1917, elle s’est mariée avec un cordonnier dont elle a élevé les quatre neveux. Elle a tenu un commerce de bonneterie pendant un temps et en 1925 elle a repris la gestion de trois maisons closes située dans la rue des Rosiers. Elle est morte de la tuberculose en 1933.

Depuis, son histoire a fait l’objet de livres, de bandes dessinées et même d’un célèbre film de Jacques Becker sorti en 1952 et interprété par Simone Signoret. Un jardin du 20ème arrondissement de Paris porte son nom depuis 1972. Elle est ainsi devenue un personnage historique de Paris !

Affiches du films “Casque d’Or” de Jacques Becker

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Severiano de Heredia

Ce personnage historique a été maire de Paris en 1879. Il est le premier métis et le dernier en date à avoir occupé ce poste.

Un metisse issu de la bourgoisie cubaine

Severiano de Heredia est né à Cuba, le 8 novembre 1836, à une époque où l’île était encore une colonie espagnole pratiquant l’esclavage. Inscrit sur les registres de naissance en tant que « mulâtre, né libre », Severiano de Heredia était l’enfant de deux « gens de couleur libres », autrement dit des Noirs ou des Métis, mais non esclaves. Il était également le filleul d’un avocat et propriétaire d’une grande plantation possédant des esclaves. Il a donc grandi dans une famille aisée. 

La récolte dans une plantation de canne à sucre à Cuba au 19eme siècle

À l’âge de 10 ans, son parrain l’a envoyé à Paris accompagné de sa marraine d’origine française. Et cela, afin de l’éloigner des troubles qui agitaient alors Cuba et qu’il reçoive la meilleure éducation possible. Il a donc fait ses études à Paris dans le lycée Louis-le-Grand, réservé aux élites, et a fini par y recevoir le grand prix d’honneur en 1855.

Passionné de littérature, il a commencé à écrire des nouvelles et des poèmes, puis s’est lancé dans une carrière de journaliste et de critique, en travaillant au sein de journaux comme La Tribune française, politique et littéraire, au sein duquel ont également œuvré Émile Zola et Luc Ferry.

En 1868, il a épousé une Française – Henriette Hanaire – dont il a deux fils.  En 1870, il a obtenu la naturalisation française.

Conseiller municipal, député, puis ministre

Parallèlement, il s’est lancé dans une carrière politique. Il a pris position en faveur de l’indépendance cubaine. En 1866, il a rejoint la Franc-maçonnerie en adhérant à « L’Étoile Polaire » du Grand-Orient de France. Il s’est ensuite engagé dans le camp républicain, tendance radicale.

De 1973 à 1881, il a été plusieurs fois élu au conseil municipal de Paris pour le quartier des Ternes, dans le 17eme arrondissement. Et en 1879, il est même devenu président du conseil municipal de Paris. Cela lui vaut aujourd’hui d’être désigné comme le « premier maire noir de Paris ». Toutefois, ce poste était honorifique, limité à un an, et ne permettait pas d’accéder aux mêmes pouvoirs que ceux du maire actuel. Lors de ce passage parmi les élus parisiens, Severiano de Heredia a défendu différentes mesures sociales comme la création de coopératives ouvrières et la mise en place de bibliothèques municipales.

Une séance du conseil municipal de Paris en 1889 (Dessin de M. Gérardin et M. Julien Tinayre)

Il a ensuite poursuivi sa carrière à l’Assemblée nationale où il a été élu député en 1881 et 1889. Là, il a pris position en faveur de la laïcisation des hôpitaux et des cimetières, de la légalisation du divorce, des sociétés de secours mutuel ou encore de la limitation de la journée de travail à 10 heures pour les enfants de moins de douze ans. 

Enfin, il a été ministre des Travaux publics durant six mois en 1887. À ce titre, il a par exemple travaillé sur les différents projets du futur métro parisien dont la première ligne sera inaugurée en 1900.

Photographie et caricature de Severiano de Heredia à la l’époque de son mandat de député

Déclin

Par la suite, sa carrière a néanmoins périclité et il a perdu aux élections législatives de 1889 et 1893. L’une des raisons expliquant de son déclin serait à chercher du côté de l’expansion de l’empire colonial français, qui était alors justifié par le devoir de « civiliser » les populations indigènes. Projet colonial qui se manifestait dans Paris par l’organisation de zoos humains mettant en scène des hommes, des femmes et des enfants non européens venant des colonies. 

En effet, dans ce contexte, la présence de Severiano de Heredia parmi les élites françaises devenait gênante pour les partisans du projet colonial français, car elle contredisait la nécessité de « civiliser » les Noirs. À cette époque, le racisme s’est développé et Severiano de Heredia a ainsi été surnommé par certains « le ministre chocolat », « le nègre du ministre » ou encore le « nègre roublard aux grosses lippes ».

À noter que malgré cela, Severiano de Heredia ne s’est pas opposé à la colonisation. En tant que député, il a par exemple voté en faveur de la deuxième expédition militaire du Tonkin visant l’expansion coloniale française en Asie du Sud-Est. Du reste, après avoir hérité de la plantation cubaine de son parrain, il a lui-même été propriétaire d’esclave.

Campagne du Tonkin. Le commandant Riviere entre dans Nam Dinh (dessin Dick de Lonlay datant de 1888)

Après 1893, il s’est retiré de la vie politique et s’est consacré à l’histoire de la littérature. Il est mort le 9 février 1901 d’une méningite à son domicile de la rue de Courcelles à Paris. Il est enterré au cimetière des Batignolles. En 2013, une voie du 17e arrondissement a été rebaptisée avec le nom de ce personnage historique de Paris.

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En savoir plus : Paul Estrade, Severiano de Heredia. Ce mulâtre cubain que Paris fit « maire » et la République, ministre, Paris, Les Indes Savantes, 2011, 166 p.

Sarah Bernhardt

Sarah Bernhardt était une actrice de théâtre et de cinéma, connue en France et à l’étranger. Elle est restée dans les mémoires devenant ainsi un véritable personnage historique de Paris.

Débuts

Sarah Bernhardt est née à Paris, entre 1841 et 1844. Sa mère était une créatrice de chapeau et une courtisane parisienne, connue sous le nom de Youle. Son père était probablement un marin, mais il ne l’a jamais reconnu.

Sarah Bernhardt et sa mère

Sa mère l’a rapidement délaissé et l’a confié à une nourrice en Bretagne. Toutefois, l’amant de sa tante — le duc de Morny — a pourvu à son éducation et l’a inscrite au couvent des Grand-Champs à Versailles où elle a étudié jusqu’à ses 14 ans. Elle y a joué ses premiers rôles dans des spectacles religieux et a envisagé pendant un temps de devenir nonne.

Elle a ensuite passé le concours du Conservatoire d’Art dramatique de Paris, grâce à la recommandation du duc de Morny, et elle y a été reçue en 1859. Bien notée, elle est entrée à la Comédie-Française, mais elle en a été renvoyée en 1866 pour avoir giflé une autre active qui avait violemment bousculé sa sœur.

Succès en France

Sarah Bernhardt en 1864

Malgré cela, elle a signé un contrat avec le théâtre de l’Odéon et a commencé à se faire connaître du public grâce à son interprétation dans Le Passant de François Coppée en 1869.

Elle a ensuite triomphé avec le rôle de la Reine dans Ruy Blas, la pièce de Victor Hugo. Ce succès lui valut d’être rappelée par la Comédie-Française, dont elle a été nommée sociétaire en 1875. Elle y a ensuite joué Phèdre et une autre pièce de Victor Hugo : Hernani.

Son style de jeu, grandiloquent et exagéré, tant dans la gestuelle que dans les intonations de la voix, lui a alors valu d’être surnommée la « Voix d’or », « la Divine » ou encore l’« Impératrice du théâtre ».

Après de multiples rôles, elle a pris la direction du Théâtre de la Renaissance, puis en 1899, celle du théâtre des Nations, qu’elle a rebaptisé Théâtre Sarah-Bernhardt, et qui porte aujourd’hui le nom de Théâtre de la Ville.

Star internationale

Parallèlement, en 1880, elle a créé sa propre compagnie avec laquelle elle a joué à l’étranger jusqu’en 1917. Devenue l’une des premières « stars » internationales du théâtre, elle s’est ainsi produite à Londres, ou Oscar Wilde lui a écrit la pièce Salomé ; à New York et Los Angeles où elle a joué des rôles d’hommes comme Hamlet et obtenu son étoile sur Hollywood Boulevard ; à Copenhague ; à Moscou et Saint-Pétersbourg et même en Amérique du Sud.

Après avoir joué dans plus de 120 spectacles en France et à l’étranger, Sarah Bernhardt est également devenue actrice de cinéma. Son premier film — Le Duel d’Hamlet — a été tourné en 1900. Il s’agissait d’un des premiers essais de cinéma parlant. Elle a ensuite joué dans une dizaine de films muets.

Sarah Bernhardt a aussi été novatrice dans son approche des arts du spectacle, par son usage des médias et de la réclame.

Elle a ainsi fait appel au peintre Alfons Mucha pour dessiner ses affiches à partir de décembre 1894. De même, afin de promouvoir son spectacle aux États-Unis, elle a rencontré Thomas Edison pour que celui-ci l’enregistre sur cylindre pendant qu’elle déclamait un passage de Phèdre.

Affiches d’Alfons Mucha

Elle mettait également en scène sa vie personnelle de façon à susciter l’intérêt des journalistes et du public. Ainsi, dans les années 1880, alors que la rumeur courait qu’elle dormait dans un cercueil, elle a joué la carte de la provocation et s’est fait photographier dans un cercueil à son domicile afin de se faire encore plus de publicité. Les clichés ont fini par être vendus sous forme de carte postale.

Enfin, pour accroître encore ses revenus, elle n’hésitait pas à faire de la publicité pour l’alcool ou des produits de beauté.

En 1915, à l’âge de 70 ans, Sarah Bernhardt a été amputée de la jambe droite en raison d’une blessure mal soignée qu’elle s’était faite en chutant. Elle a malgré tout continué à jouer assise et en 1916, durant la Première Guerre mondiale, elle s’est même rendue sur le front pour rendre visite aux soldats français.

Elle a d’ailleurs fini par mourir durant le tournage d’un dernier film en 1923. Après des obsèques auxquelles ont assisté des milliers de Parisiens, elle a été enterrée à Paris au cimetière du Père-Lachaise.

Une statue de l’actrice, réalisée par le sculpteur français François-Léon Sicard en 1926, est située place du Général-Catroux dans le 17e arrondissement de Paris.

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Jacques Doucet

Jacques Doucet était un grand couturier, un collectionneur et un mécène des années 1880-1920. Sa contribution à l’histoire de l’art en fait un personnalité historique de Paris.

Couturier

Jacques Doucet est né à Paris en 1853. Son père vendait des chemises pour hommes, et sa mère de la dentelle et de lingeries pour dames dans leur boutique située au 21 rue de la Paix, à deux pas de l’Opéra Garnier inauguré en 1875.

C’est d’ailleurs en 1875, alors qu’il était âgé de 22 ans, que Jacques Doucet a repris l’entreprise familiale. Il a alors étendu leur activité en ajoutant aux chemises et à la lingerie, la confection de robes et de manteaux sur mesure. Il incorpore de la dentelle, des ornements de lingeries et s’inspire de la mode du 18ème siècle dans ses créations. Il a ensuite adapté ses confections aux évolutions du goût, notamment après la Première Guerre mondiale.

Rapidement, ses négligés, ses robes d’intérieur et ses robes de soirée ont font sa renommée. Et l’entreprise Doucet — devenu l’une des premières maisons de haute-couture de Paris — est devenue un lieu incontournable de la mode parisienne pour une riche clientèle d’actrices et de femmes du monde, comme Réjane, Sarah Bernhardt, Liane de Pougy, ou la Belle Otéro.

La maison Doucet — aujourd’hui disparue — a ainsi eu une grande influence dans l’histoire de la mode. Jacques Doucet a d’ailleurs formé plusieurs assistants qui sont eux-mêmes devenus de grands noms de la mode, comme Madeleine Vionnet ou Paul Poiret.

Néanmoins, Jacques Doucet n’appréciait pas être défini comme couturier, il préférait être perçu comme un collectionneur d’art, son autre grande passion.

“Le Salon de M. Doucet” (dessin de Pierre Gatie datant de 1911 representant la boutique Doucet, rue de la Paix)

Collectionneur d’art

En effet, il a rapidement investi dans l’art une partie de la fortune gagnée grâce à la mode. Il a ainsi constitué une première collection de mobilier, d’objets décoratifs et d’œuvres d’art datant du 18ème et 19ème siècle. Et cela sans doute, pour emménager sa demeure en vue de son mariage avec une jeune femme issue d’une famille noble qu’il aimait en secret.

Après la mort de cette dernière, en 1912, il a vendu la quasi-totalité de cette collection lors d’une vente aux enchères qui a été qualifiée de « vente du siècle » par les journaux de l’époque, et qui lui a rapporté presque 15 millions de francs anciens, soit l’équivalent de 47 millions d’euros.

Il s’est ensuite lancé dans la constitution d’une nouvelle collection, en s’appuyant sur les conseils de spécialistes de différents courants artistiques. Il s’est alors concentré sur le mobilier et l’art moderne ou contemporain.

Il conservait ses plus belles pièces dans les différents appartements qu’il a eu et qui ressemblaient donc à de véritables musées. Son dernier logement — un hôtel particulier de la rue Saint James à Neuilly démoli après sa mort — était ainsi équipé d’une collection de pièces Art-Déco signées de Marcel Coard, Joseph Csaky, Jean Dunand, Eileen Gray et Pierre Legrain. L’appartement s’ouvrait sur un vestibule où étaient accrochées Les Demoiselles d’Avignon de Picasso. On y trouvait une pièce, d’inspiration orientale, remplie de porcelaines chinoises, de cristaux, d’émaux et de statuettes bouddhistes. Et dans la salle principale, des peintures — de Manet, Cézanne, Degas, Van Gogh, Matisse, Picasso, ou encore Miro — trônaient non loin d’œuvres primitives de Côte d’Ivoire et d’Afrique centrale.

À noter que le couturier Yves-Saint-Laurent, s’est par la suite inspiré de ce décor pour aménager son propre appartement et constituer sa propre collection.

Bibliophile

Conseillé par différents spécialistes, Jacques Doucet a également constitué une bibliothèque couvrant l’art de tous les temps et de tous les pays, et rassemblant 100 000 volumes, ainsi que des manuscrits originaux, des esquisses et travaux préparatoires ayant servi à la conception d’œuvres d’art, des photographies documentaires, et une collection de dessins.

Pour faire de la place à cette bibliothèque, il a racheté 6 appartements mitoyens à son logement d’alors situé rue Spontini dans le 16ème arrondissement de Paris.

En 1917, il en a légué le contenu à l’université de la Sorbonne en 1917, qui l’a installé en 1936 dans les locaux de l’Institut d’art et d’archéologie, rue Michelet. En 2003, cette bibliothèque a été déplacée dans la salle Labrouste de l’Institut national d’histoire de l’art.

En 1929, Jacques Doucet est mort des suites d’une maladie cardiaque. Entre-temps, il avait vendu sa maison de haute-couture à un financier qui l’a fusionné à l’entreprise du couturier Georges Doeuillet pour en faire la marque Dœuillet-Doucet qui a perduré jusqu’en 1937.

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Victor Hugo

Victor Hugo est un poète, dramaturge, homme politique français et personnalité historique de Paris.

Enfance

Victor Hugo est né en 1802 à Besançon. La famille Hugo a ensuite beaucoup voyagé et a fini par s’installer à Paris. C’est donc là que Victor Hugo a grandi, notamment dans le 5ème arrondissement, où il a vécu rue des Feuillantines et a étudié au lycée Louis-le-Grand. Son goût pour l’écriture lui est venu très tôt et il semble que c’est à l’âge de 14 ans qu’il a décidé de se lancer dans une carrière littéraire.

Poète, dramaturge et romancier

En 1821, âgé de 19 ans, il a publié sa première anthologie de poèmes, baptisée Odes. L’une des poésies consacrées à la mort du Duc de Berry a été remarquée par le roi Louis XVIII, et ce dernier lui a versé une pension de 2000 francs. La carrière de Victor Hugo était lancée. Il a ensuite publié une vingtaine de recueils.

Victor Hugo ne s’est cependant pas limité à la poésie. En 1827, il a sorti sa première pièce théâtre, nommée Cromwell, rapidement suivie d’une seconde en 1830 : Hernani. Celle-ci ne respectait pas les règles classiques du théâtre, et notamment celle des trois unités (de temps, de lieu et d’action). Elle a fait de Victor Hugo le chef de file d’un nouveau genre, le drame romantique, reprenant souvent des événements historiques et mêlant différents styles : tragique, pathétique, comique et burlesque. Hernani, joué à la Comédie française, a néanmoins provoqué de vifs affrontements tournant parfois à la bagarre entre les partisans du théâtre classique et ceux du drame romantique. En tout, Victor Hugo a écrit une douzaine de pièces.

La première d’Hernani. Avant la bataille. (Peinture d’Albert Besnard, datant de 1905, et représentant l’affrontement entre partisans et détracteurs de la pièce de Victor Hugo lors de la première)

En 1828, le premier roman de Victor Hugo a été édité. Trois ans plus tard, il a achevé l’un de ses plus grands succès, Notre-Dame de Paris, dont le récit se déroule au Moyen-âge autour de la cathédrale du même nom, sur l’île de la Cité. Les Misérables, son autre roman majeur, publié en 1862, évoque la misère en province et à Paris dans les années 1815-1832 à travers l’histoire Jean Valjean, un ancien forçat généreux qui tente d’échapper à un inspecteur zélé.

L’œuvre d’Hugo est donc intimement liée à Paris. Sa vie aussi.

Parisien

On l’a vu, Victor Hugo a grandi à Paris. En 1822, il y a épousé Adèle Foucher, son amour de jeunesse, devant l’hôtel de l’église Saint-Sulpice, dans le 6e arrondissement.

Avec sa femme et ses enfants, Victor Hugo a changé plus d’une vingtaine de fois de logement à Paris. L’une de ses adresses les plus connues est celle de la place des Vosges, où il a résidé entre 1832 et 1848. L’appartement qu’il y occupait a d’ailleurs été transformé en musée consacré à sa vie et à son œuvre. Parmi les lieux qu’il fréquentait régulièrement, on peut aussi citer le restaurant Le Grand Véfour, situé sous les galeries du Palais Royal, dans le 1er arrondissement. Les élites littéraires s’y rencontraient, et Victor Hugo y commandait toujours un plat de vermicelles avec du mouton et des haricots blancs.

Victor Hugo était très attaché à la Ville Lumière, à son histoire et à la préservation de son patrimoine architectural. En écrivant Notre-Dame de Paris, l’un de ses objectifs était d’ailleurs de sauver la cathédrale, qu’il fréquentait régulièrement, mais qui était alors dans un état de délabrement avancé et menacée de destruction. Son objectif a été atteint puisque le succès de son livre a suscité un nouvel élan d’intérêt pour ce monument et poussé les pouvoirs publics à lancer sa restauration qui a été achevée en 1844. De même, en 1847, Victor Hugo est intervenu en écrivant dans la presse des articles en faveur de la rénovation de la Sainte-Chapelle. On peut également évoquer son action auprès du Conseil Municipal de Paris afin de sauver de la destruction les vestiges des Arènes de Lutèce, découvertes en 1883 à l’occasion de la construction d’un dépôt de bus, et qui risquaient d’être détruits.

Homme politique

Après 1843, et la mort de sa fille aînée Léopoldine, Victor Hugo s’est aussi tourné vers la politique en parallèle à sa carrière littéraire, à travers laquelle il exprimait déjà son point de vue sur les questions sociétales et politiques de son époque. Fils d’un général bonapartiste et élevé par une mère royaliste, Victor Hugo a en effet progressivement adopté l’idéal républicain. Il a pris très tôt position contre la censure, contre la peine de mort, la pauvreté et les trop grandes inégalités sociales. Il a milité pour la paix et toutes les libertés.

Victor Hugo, en 1849

En 1845, il a été nommé à la Chambre des Pairs par Louis-Philippe. Il a ensuite été élu député à l’Assemblée constituante de 1848. En 1851, il a condamné le coup d’État du Prince Louis-Napoléon et s’est opposé à l’avènement du Second Empire. Il a alors été contraint de s’exiler en Belgique, puis sur les îles de Jersey et Guernesey. À son retour triomphal en France, en 1868, il a prôné la réconciliation nationale et l’amnistie des communards et s’est engagé dans la défense de la Troisième République. Par la suite, il a été plusieurs fois député et sénateur.

Panthéonisation

En 1885, à l’âge de 83 ans, Victor Hugo est finalement mort des suites d’une congestion pulmonaire. Des funérailles nationales ont été organisées. Son cercueil a été déposé une nuit sous l’Arc de Triomphe et a été ensuite transféré au Panthéon, accompagné par une foule de deux millions de personnes. Des délégations du monde entier ont fait le déplacement pour un dernier hommage.

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Kiki de Montparnasse

Alice Ernestine Prin — connue sous le pseudonyme de Kiki de Montparnasse ou Kiki — était un modèle et une artiste incontournable du quartier Montparnasse durant l’entre-deux-guerres. En marquant ainsi la vie du quartier, elle est devenue une figure historique de Paris.

Une enfance difficile

Alice Ernestine Prin est née en 1901 en Bourgogne. Conçue hors mariage et non reconnue par son père, elle a été élevée par sa grand-mère, dans une très grande pauvreté. À 12 ans, elle a été envoyée à Paris rejoindre sa mère qui y travaillait dans un atelier.

À 14 ans, elle a arrêté l’école et a commencé à exercer différents métiers en tant qu’apprentie : brocheuse dans une imprimerie, fleuriste, laveuse de bouteilles consignées dans un magasin Félix Potin ou encore visseuse d’ailes d’avion. À 16 ans, après avoir quitté un emploi dans une boulangerie et s’être retrouvée sans revenue, elle a accepté de poser nue pour un sculpteur du quartier Montparnasse où elle vivait avec sa mère. Cette activité était bien payée, mais sa mère l’a mise à la porte lorsqu’elle l’a appris, car elle considérait cela comme de la prostitution.

Modèle

Malgré cela, Alice Ernestine Prin a poursuivi sa carrière de modèle pour des peintres et des sculpteurs du quartier. Elle s’est également mise à fréquenter assidûment la brasserie de la Rotonde où se retrouvaient de nombreux artistes. Elle s’est alors métamorphosée en adoptant une coupe au bol, soulignant ses yeux avec du khôl et ses lèvres avec un rouge très marqué.

À la Rotonde, elle a rencontré le peintre Maurice Mendjizki, pour qui elle a posé, avec qui elle s’est mise en ménage en 1918, et qui lui a donné son surnom : Kiki. À la même époque, elle a aussi servi de modèle pour des œuvres d’Amedeo Modigliani, Tsugouharu Foujita, Moïse Kisling et bien d’autres.

À partir de 1921, elle a travaillé pour le photographe américain Man Ray, leur collaboration aboutissant notamment à la célèbre photo « Le violon d’Ingres ». Elle a aussi tourné dans ses courts-métrages, comme « L’étoile de mer », en 1928. En couple avec lui, elle a emménagé dans l’immeuble de style Art déco du 31 bis rue Campagne-Première, à Montparnasse, composé d’ateliers d’artistes.

Artiste

Depuis ses débuts de modèle, Kiki de Montparnasse a appris à chanter, danser et même à peindre en commençant à faire les portraits de soldats britanniques et américains croisés à la Rotonde. Elle a fini par être exposée dans diverses galeries parisiennes au tournant des années 1920 et 1930.

Les lavandières (peinture de Kiki de Montparnasse datant de 1927)

Devenue une véritable célébrité, Kiki a été désignée « reine de Montparnasse » en 1929 lors d’un gala de bienfaisance organisé au théâtre Bobino, situé rue de la Gaîté. L’année suivante, elle a publié un livre de souvenirs, préfacé par Ernest Hemingway. Censuré aux États-Unis, l’ouvrage est néanmoins un véritable succès.

Tenancière de cabaret

Au début des années 1930, elle s’est mise à faire le tour des cabarets parisiens — comme le Moulin de la Galette à Montmartre — pour y chanter et danser, afin de payer les soins médicaux de sa mère et de son compagnon de l’époque, le journaliste Henri Broca. En 1937, elle a d’ailleurs ouvert son propre établissement « Chez Kiki », dans la rue Vavin, toujours à Montparnasse.  

Toutefois, en proie à la dépression, elle sombre lentement dans l’alcool et la drogue. Du reste, la Seconde Guerre mondiale a mis un coup d’arrêt à l’ambiance insouciante et festive du quartier. Finissant dans la misère et la solitude, Kiki est morte en 1953. Elle repose au cimetière du Montparnasse.

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Louis Dominique Cartouche

Louis Dominique Cartouche – dit Cartouche – est un célèbre bandit du début du 18ème siècle et une figure historique de Paris.

Les débuts

Cartouche est né en 1693 dans du Rue du Pont-aux-Choux, dans le 3ème arrondissement de Paris. Enfant, il a été élève dans une école prestigieuse du Quartier latin, le Collège de Clermont, aujourd’hui appelé collège Louis le Grand. Après en avoir été rapidement exclu, il a commencé à faire les poches des passants dans les rues de Paris. Et cela, sans doute dans le but d’offrir le fruit de ses larcins à une jeune fille dont il était amoureux. Afin de mettre un terme à cette situation, son père — tonnelier et ancien militaire d’origine allemande — a décidé de le faire interner dans une maison de redressement. Pour s’y soustraire, le jeune Cartouche s’est enfui. Il a ensuite été recueilli par une bande de Tziganes qu’il a suivi sur les routes.

Portait de Cartouche (gravure datant du 18ème siècle)

Quelques années plus tard, et après de multiples péripéties, il est devenu laquais pour un marquis de la région normande… avant d’être congédié lorsque son employeur a appris qu’il jouait et trichait aux cartes pour de l’argent. Cartouche a alors monté une petite bande de voleurs, mais il a été rapidement été repéré par les autorités locales qui l’ont contraint à devenir informateur.

Une armée pour le roi … ou une armée de bandits ?

Fuyant une fois encore, Cartouche s’est engagée dans l’armée. Y servant en tant qu’enrôleur, il y a été chargé de recruter de nouveaux soldats pour l’armée du Roi, en allant de village en village et en y promettant aux jeunes une bonne paye et une meilleure une vie s’ils rejoignaient l’armée royale. Jouant double jeu, il profita de cette activité pour constituer sa propre armée de voleurs… en promettant à ses interlocuteurs une vie encore meilleure qu’au sein de l’armée ! C’est ainsi qu’il est retourné à Paris avec une bande composée d’une centaine d’hommes et de femmes soumis à une organisation et à une discipline s’inspirant de celles des militaires (qui n’étaient pas aussi bien organisée qu’aujourd’hui). La bande s’est également constitué un solide réseau d’informateurs, d’armuriers et de receleurs.

L’apogée

Pendant des années, Cartouche et sa bande ont attaqué des carrosses faisant le trajet entre Paris et le palais de Versailles, dévalisé des bijouteries et cambriolé des hôtels particuliers dans la capitale.

Attaque de carosse (estampe de Jacques Callot datant du 17ème siècle)

Diverses anecdotes — réelles ou fictives — ont contribué à le rendre célèbre à cette époque. Un jour, il aurait ainsi sauvé du suicide un commerçant criblé de dettes en remboursant ses créanciers… avant de les voler. Une autre fois, il aurait dérobé une épée destinée au régent Philippe d’Orléans, puis l’aurait restitué en s’apercevant qu’elle était factice en l’accompagnant d’un mot indiquant qu’il la rendait au « premier voleur du Royaume ». Une autre fois encore, sa bande aurait participé à un carnaval en y promenant une charrette avec des mannequins représentant des policiers et en incitant la foule à les frapper. En s’attaquant de cette façon aux puissants, et en les ridiculisant, Cartouche est devenu très populaire auprès des Parisiens et des Français exploités par la noblesse et les bourgeois. À son apogée, sa bande aurait réuni près de 2000 membres.

La chute

Bien que recherché par les autorités, Cartouche ne se cachait pas vraiment et fréquentait les tavernes et les cabarets parisiens, comme celui qui se trouvait dans la maison de la colombe sur l’île de la Cité. C’est d’ailleurs à Paris qu’il a finalement été arrêté en 1721, au milieu des Courtilles, le quartier où il avait grandi, où son père était tonnelier, et qui se situait en haut de l’actuelle rue du Faubourg-du-Temple. Après son arrestation et sa condamnation, il a été torturé dans le but de lui faire avouer l’identité des membres de sa bande. Il a gardé le silence juste au jour de son exécution, où il a fini par céder, furieux que sa bande ne soit toujours pas venue le délivrer. Suite à ses aveux, plus de 350 de ses complices ont été arrêtés. Il a quant lui été exécuté sur la place de Grève en subissant le supplice de la roue, infligé par le bourreau Charles Sanson, et consistant à se voir briser toutes ses articulations à coup de barre de fer après avoir été attaché à une roue en bois.

 

Supplice de la roue (estampe de Jacques Callot datant du 17ème siècle)

La mort n’a cependant pas sonné la fin de Cartouche. Au contraire, son exécution en a fait un martyr et l’a fait entrer dans la légende. Sa mémoire n’a cessé d’être entretenue au fil des siècles à travers toute une succession de poèmes, chansons, pièces de théâtre, puis films de cinéma.

Jean-Paul Belmondo interprétant Cartouche dans le film éponyme de 1962

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Sainte Geneviève

Depuis 451, Geneviève est la sainte patronne de Paris selon l’Église Catholique et un personnage marquant de l’histoire de Paris.

Une riche catholique

Elle est née en 423, à une époque où Paris faisait partie de l’Empire romain d’Occident. Sa famille était riche et possédait de grandes terres. Son père, ancien officier, était également détenteur d’une charge de magistrat municipal à Paris. Elle a d’ailleurs hérité de cette charge quand celui-ci est mort.

Catholique, Geneviève faisait partie du groupe des « vierges consacrées », femmes qui dédiaient leurs vies à Dieu, en restant célibataire, et en menant une vie ascétique et de prière, mais qui vivait dans la ville sans rester cloitrées dans un monastère.

Protectrice de Paris

En 451, Attila le roi des Huns s’est rapproché de Paris en détruisant tout sur son passage. De nombreux Parisiens ont décidé de quitter la ville avec tous les biens qu’ils pouvaient emporter. Geneviève a alors tenté de les convaincre de ne pas fuir, affirmant que Paris resterait sure et que les villes dans lesquelles ils iraient se réfugier seront quant à elles détruites par Attila. Peu écouté, elle a néanmoins réuni un petit groupe de femmes les jours afin de jeûner, prier et demander à Dieu d’épargner Paris.

Finalement, Attila a contourné Paris et a ensuite été battu vers Châlons-sur-Marne. Les Parisiens ont alors développé l’idée que c’est grâce aux prières de Geneviève que Paris a évité la destruction. Geneviève a ainsi obtenu une nouvelle charge dans la gestion de la ville : celle de defensor civitatis, autrement dit, défenseur de la cité.

Sainte Geneviève, sainte patronne de Paris, devant l’hôtel de ville et l’île de la Cité (tableau datant du 17ème siècle, auteur inconnu)

Quelques années plus tard, alors que la Paris était cette fois-ci assiégée par les Francs, Geneviève se serait de nouveau illustrée en organisant le ravitaillement de Paris. Elle a ensuite obtenu de leur roi — Childeric 1er — qu’il épargne Paris tout en continuant sa guerre contre le représentant de l’Empire romain en Gaule. Et quand Clovis, le nouveau roi des Francs, a fini par gagner cette guerre, Geneviève a négocié avec lui la reddition de Paris en échange en échange de sa conversion au christianisme.

Représentation de Geneviève ravitaillant Paris (peinture de Pierre Puvis de Chavannes datant du 19ème siècle)

Geneviève est morte en 512, à l’âge de 89 ans. Elle a été inhumée aux côtés de dans une basilique construite au sommet de l’actuelle montagne Sainte-Geneviève, à côté du Panthéon. Durant les siècles suivants, les Parisiens ont pris l’habitude de promener les reliques de Geneviève dans la ville en cas de péril (inondation, invasion, épidémie).

La statue de Sainte Geneviève

Sur le pont de la Tournelle, à côté de l’île de la Cité, on peut admirer une statue Sainte-Geneviève créée en 1928 par Paul Landowki, sculpteur auquel on doit également la fameuse statue du Christ Rédempteur à Rio de Jainero. Cette statue de Sainte Genevieve est tournée vers l’est parce que les troupes d’Attila venaient de cette direction. Elle protège un enfant représentant Paris et qui protège lui-même une nef, emblème historique de la capitale.

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Maryse Bastié

Maryse Bastié est une pionnière de l’aviation et une personnalité liée à Paris. Elle repose au cimetière du Montparnasse depuis 1952.

Née à Limoges en 1953, Maryse Bastié est orpheline de père à l’âge de 11 ans. Elle devient ouvrière dans une usine de chaussures, se marie une première fois et a un fils qui meurt très jeune. Divorcée, elle se remarie avec le pilote Louis Bastié. Avec lui, elle se découvre une passion pour l’aviation, alors en plein développement.

Pionnière de l’aviation

Le 29 septembre 1925, elle obtient son brevet de pilote et deux mois plus tard, elle vole de Bordeaux à Paris. Malgré la mort de son mari l’année suivante, elle persévère et devient monitrice de pilotage. Installée à Paris, elle donne des baptêmes de l’air et fait de la publicité aérienne. Par la suite, elle fonde une véritable école de pilotage à Orly, dans la banlieue parisienne.

Dans les années 1930, elle établit surtout plusieurs records féminins. On peut par exemple citer le record de durée avec un vol de 37h55 en 1930. Ou encore un record de distance avec un vol de 2 976 km entre Paris et Uring en URSS, pour lequel elle reçoit la Légion d’honneur et le Harmon Trophy. En 1936, elle traverse également l’atlantique sud, du Sénégal au Brésil.

Luttes pour l’égalité

Maryse Bastié s’engage pour l’égalité des femmes à une époque à laquelle ces dernières n’ont pas les mêmes droits que les hommes. En 1934, elle milite ainsi pour que les femmes aient le droit de vote en France, en soutenant Louise Weiss qui se présentait alors aux élections législatives de 1936 dans le 5e arrondissement de Paris.

Dans un contexte de montée des tensions entre la France et l’Allemagne, elle milite également pour la création, en cas de guerre, d’une section féminine au sein de l’Armée de l’air. Sa proposition n’est pas retenue.

Pilote de l’Armée de l’air

Toutefois, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle est recrutée avec le grade de sous-lieutenant pour convoyer des avions vers le front. Démobilisée après la rapide défaite française, elle s’engage alors dans la Croix-Rouge afin d’aider les prisonniers de guerre. Elle est alors blessée au bras par un soldat allemand, ce qui l’empêchera dès lors de piloter seule. À la libération de la France, elle est promue lieutenant. Elle continue ensuite d’exercer dans l’armée de l’air et finit avec le grade de capitaine, totalisant 3 000 heures de vol.

En 1951, elle meurt dans l’accident d’un prototype d’avion.

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Charles-Henri Sanson

Charles-Henri Sanson était un bourreau parisien qui a vécu entre 1739 et 1806. Il a exécuté près de 3000 personnes durant sa carrière, dont le roi Louis XVI puis différents révolutionnaires comme Robespierre. Il fait partie des personnages historiques de Paris.

Bourreau de père en fils

Charles-Henri Sanson est né à Paris en 1739. Il appartenait à une famille de bourreau de père en fils depuis 1688. Son grand-père, par exemple, était celui qui avait exécuté le bandit Cartouche en 1721.

Charles-Henri Sanson a d’abord été élevé dans un couvent de Rouen. Toutefois, les bourreaux devaient vivre à l’écart du reste de la société et leurs enfants ne pouvaient pas aller à l’école avec les autres. Aussi, quand le père d’un autre élève a appris la profession de la famille Sanson, Charles-Henri a été contraint de quitter le couvent. Il a alors reçu une éducation privée grâce à un précepteur, puis il a suivi les enseignements de l’université de Leyde, aux Pays-Bas. À cette époque, il souhaitait en effet devenir médecin et ne pas reprendre la charge familiale.

À 15 ans, il a néanmoins dû abandonner ses études et assister son père dans sa tâche de bourreau de Paris, car celui-ci était resté gravement handicapé après un accident. Il a également aidé son oncle, bourreau de la Cours du Roi de Versailles. A 18 ans, il a ainsi participé à l’exécution de Robert-François Damiens qui avait tenté d’assassiner le roi Louis XV. En 1778, a 39 ans, il a finalement repris officiellement la charge de bourreau de Paris ainsi que celle de bourreau de la Cour du Roi à Versailles.

Torturer et exécuter

En tant que bourreau, il était chargé d’appliquer les peines décidées par la justice, que ce soit les peines corporelles (flagellation, marquage au fer rouge, amputation, etc.) ou les peines de mort (le plus souvent par pendaison, mais aussi par décapitation, écartèlement, noyade, etc.). Charles-Henri Sanson devait également faire avouer les accusés en les faisant passer au supplice. Toute la difficulté étant alors de ne pas les faire mourir pendant la torture, afin qu’ils tiennent jusqu’au jour de leur exécution.

Après 1789 et la Révolution, la torture préalable à l’exécution a été abolie et la peine de mort ne s’est plus faite que par décapitation. Charles-Henri Sanson a d’ailleurs participé aux premiers essais de la guillotine sur des cadavres humains puis des chèvres vivantes. Il a été le premier bourreau à s’en servir sur un condamné en 1792.

Durant toute sa carrière, il a exécuté environ 3000 personnes, essentiellement pendant la Révolution. Parmi ses victimes les plus célèbres, on compte le roi Louis XVI et les révolutionnaires Danton, Robespierre et Camille Desmoulins. Il a eu jusqu’à 6 assistants et formé de nombreux bourreaux qui ont ensuite exercé dans d’autres villes que Paris.

Une vie au ban de la société

Au moyen-âge, en raison de la tâche qu’ils accomplissaient, les bourreaux étaient stigmatisés et devaient vivre à l’écart de la société.

Ils devaient porter des vêtements rouges pour que tout le monde puisse les reconnaître et s’éloigner d’eux. Ce costume est par la suite devenu obligatoire seulement pour les exécutions, mais les bourreaux ont dû continuer de porter un insigne sur leurs vêtements — comme un gibet ou une main tenant une épée — afin d’indiquer leur profession. Charles-Henri Sanson ne dérogeait pas à la règle, même s’il était toujours habillé de façon élégante et jouait même au gentilhomme.

Les bourreaux et leurs enfants ne pouvaient pas non plus se marier avec des femmes issues de famille exerçant une autre profession que la leur. Ce qui aboutissait d’ailleurs parfois à des mariages consanguins, puisque le nombre de familles de bourreaux était finalement assez restreint en France.

De même, les enfants de bourreau ne pouvaient pas aller à l’école ou suivre une formation d’apprentie pour un autre métier que celui de leur père.

Enfin, les bourreaux devaient vivre en dehors de la ville où ils exerçaient, même s’il était toléré qu’ils habitent dans la dépendance du pilori, où les sévices corporels étaient affligés aux condamnés. À Paris, Charles-Henri Sanson avait ainsi hérité du pilori qui se trouvait à côté du marché des Halles, au niveau de l’actuel croisement de la rue Rambuteau et de la rue Mondétour. Ce pilori était composé d’une tour de pierre octogonale, dont l’étage supérieur était percé de grandes fenêtres sur toutes ses faces. Au milieu de cette tour, il y’avait une roue en bois, tournant sur pivot, et percée de trous par lesquels on faisait passer la tête et les bras des personnes condamnées afin qu’elles soient exposées au public. Charles-Henri Sanson disposait d’un logement au rez-de-chaussée de cette tour, mais en réalité, il ne s’en servait que pour ranger ses outils et préférait vivre avec sa famille dans un bel hôtel particulier, situé rue de l’enfer. En effet, même s’ils étaient stigmatisés, les bourreaux bénéficiaient de revenus confortables. Surtout à Paris.

Pilori des Halles (dessin de Claude-Louis Bernier datant du 18ème siècle)

Privilèges

Pour contrebalancer leur condition de paria, les bourreaux avaient plusieurs privilèges. Charles-Henri Sanson était exempté de certaines taxes. Il avait la possibilité de revendre tout ou partie des corps des suppliciés. Il avait un droit de « havage » qui l’autorisait à se servir gratuitement chez certains marchands du marché des Halles, dans la limite de ce que sa main pouvait contenir. Il jouissait également de plusieurs impôts et redevances, comme le péage du petit pont à Paris.

Du reste, après la Révolution, le statut des bourreaux a changé. Ils n’ont plus été obligés de vivre au ban de la société et sont devenus des citoyens de pleins droits droits. Charles-Henri Sanson a voulu en profiter pour démissionner et enfin changer de métier, mais la République le lui a refusé en le suspectant d’être favorable au roi et à l’ancien régime.

Mort

En 1790, Charles-Henri Sanson a pris son plus jeune fils comme apprenti, mais celui-ci est mort après avoir chuté de l’échafaud en voulant présenter une tête à la foule lors d’une exécution. La charge familiale a alors été reprise par le fils aîné de la famille, qui était capitaine de la garde nationale de Paris, et que Charles-Henri Sanson destinait plutôt à une carrière militaire.

Charles-Henri Sanson est mort le 4 juillet 1806. Il a été enterré au cimetière de Montmartre à Paris.

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