« La vie, c'est Paris ! Paris, c'est la vie ! » (Marie Bashkirtseff)


Sarah Bernhardt

Sarah Bernhardt était une actrice de théâtre et de cinéma, connue en France et à l’étranger. Elle est restée dans les mémoires devenant ainsi un véritable personnage historique de Paris.

Débuts

Sarah Bernhardt est née à Paris, entre 1841 et 1844. Sa mère était une créatrice de chapeau et une courtisane parisienne, connue sous le nom de Youle. Son père était probablement un marin, mais il ne l’a jamais reconnu.

Sarah Bernhardt et sa mère

Sa mère l’a rapidement délaissé et l’a confié à une nourrice en Bretagne. Toutefois, l’amant de sa tante — le duc de Morny — a pourvu à son éducation et l’a inscrite au couvent des Grand-Champs à Versailles où elle a étudié jusqu’à ses 14 ans. Elle y a joué ses premiers rôles dans des spectacles religieux et a envisagé pendant un temps de devenir nonne.

Elle a ensuite passé le concours du Conservatoire d’Art dramatique de Paris, grâce à la recommandation du duc de Morny, et elle y a été reçue en 1859. Bien notée, elle est entrée à la Comédie-Française, mais elle en a été renvoyée en 1866 pour avoir giflé une autre active qui avait violemment bousculé sa sœur.

Succès en France

Sarah Bernhardt en 1864

Malgré cela, elle a signé un contrat avec le théâtre de l’Odéon et a commencé à se faire connaître du public grâce à son interprétation dans Le Passant de François Coppée en 1869.

Elle a ensuite triomphé avec le rôle de la Reine dans Ruy Blas, la pièce de Victor Hugo. Ce succès lui valut d’être rappelée par la Comédie-Française, dont elle a été nommée sociétaire en 1875. Elle y a ensuite joué Phèdre et une autre pièce de Victor Hugo : Hernani.

Son style de jeu, grandiloquent et exagéré, tant dans la gestuelle que dans les intonations de la voix, lui a alors valu d’être surnommée la « Voix d’or », « la Divine » ou encore l’« Impératrice du théâtre ».

Après de multiples rôles, elle a pris la direction du Théâtre de la Renaissance, puis en 1899, celle du théâtre des Nations, qu’elle a rebaptisé Théâtre Sarah-Bernhardt, et qui porte aujourd’hui le nom de Théâtre de la Ville.

Star internationale

Parallèlement, en 1880, elle a créé sa propre compagnie avec laquelle elle a joué à l’étranger jusqu’en 1917. Devenue l’une des premières « stars » internationales du théâtre, elle s’est ainsi produite à Londres, ou Oscar Wilde lui a écrit la pièce Salomé ; à New York et Los Angeles où elle a joué des rôles d’hommes comme Hamlet et obtenu son étoile sur Hollywood Boulevard ; à Copenhague ; à Moscou et Saint-Pétersbourg et même en Amérique du Sud.

Après avoir joué dans plus de 120 spectacles en France et à l’étranger, Sarah Bernhardt est également devenue actrice de cinéma. Son premier film — Le Duel d’Hamlet — a été tourné en 1900. Il s’agissait d’un des premiers essais de cinéma parlant. Elle a ensuite joué dans une dizaine de films muets.

Sarah Bernhardt a aussi été novatrice dans son approche des arts du spectacle, par son usage des médias et de la réclame.

Elle a ainsi fait appel au peintre Alfons Mucha pour dessiner ses affiches à partir de décembre 1894. De même, afin de promouvoir son spectacle aux États-Unis, elle a rencontré Thomas Edison pour que celui-ci l’enregistre sur cylindre pendant qu’elle déclamait un passage de Phèdre.

Affiches d’Alfons Mucha

Elle mettait également en scène sa vie personnelle de façon à susciter l’intérêt des journalistes et du public. Ainsi, dans les années 1880, alors que la rumeur courait qu’elle dormait dans un cercueil, elle a joué la carte de la provocation et s’est fait photographier dans un cercueil à son domicile afin de se faire encore plus de publicité. Les clichés ont fini par être vendus sous forme de carte postale.

Enfin, pour accroître encore ses revenus, elle n’hésitait pas à faire de la publicité pour l’alcool ou des produits de beauté.

En 1915, à l’âge de 70 ans, Sarah Bernhardt a été amputée de la jambe droite en raison d’une blessure mal soignée qu’elle s’était faite en chutant. Elle a malgré tout continué à jouer assise et en 1916, durant la Première Guerre mondiale, elle s’est même rendue sur le front pour rendre visite aux soldats français.

Elle a d’ailleurs fini par mourir durant le tournage d’un dernier film en 1923. Après des obsèques auxquelles ont assisté des milliers de Parisiens, elle a été enterrée à Paris au cimetière du Père-Lachaise.

Une statue de l’actrice, réalisée par le sculpteur français François-Léon Sicard en 1926, est située place du Général-Catroux dans le 17e arrondissement de Paris.

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La première photographie d’un humain

Parmi les avancées scientifiques qui se sont produites à Paris, on compte la première réalisation d’une photographie immortalisant un être humain, en 1838.

Cette photo a été prise par Louis Daguerre, un artiste peintre et décorateur de théâtre qui était en train de mettre au point un nouvel appareil photographique – le daguerréotype – permettant d’enregistrer une image sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir et exposée directement à la lumière.

Il ne s’agissait pas du premier appareil photographique, mais il constituait une avancée considérable, car jusque-là les images produites n’étaient pas précises, avaient tendance à disparaître rapidement, et nécessitaient plusieurs jours de pose.

L’image représente le boulevard du Temple, dans le 3ème arrondissement de Paris. Elle a été prise depuis la fenêtre de l’appartement-atelier de Louis Daguerre situé sur la place de la République, au niveau de l’actuelle caserne Vérines. Elle a été prise au petit matin, vers 8h ou 9h, en avril ou mai 1838.

À ce moment, Louis Daguerre n’avait pas rendu publique son invention et réalisait encore des essais en vue de l’améliorer.

Il était ainsi parvenu à réduire à une vingtaine de minutes le temps de pose nécessaire à la réalisation d’une photographie. Aussi, tous les objets et personnes qui ne restaient pas immobiles durant ce laps de temps n’étaient pas fixés sur la photographie. Raison pour laquelle le boulevard du Temple semble vide sur l’image alors qu’il devait grouiller de passants et de voitures à cheval en ce matin de printemps.

Le boulevard du Temple (photographie de Louis Daguerre datant de 1838)

Malgré cela — et c’est la particularité de ce cliché — on peut apercevoir la silhouette d’un homme en bas à droite. Il s’agit d’un parisien qui sans le savoir est resté sans bouger le temps que la photographie soit prise… car il était en train de se faire cirer les chaussures sur le boulevard !

Cette photographie a été considérée pendant longtemps comme la première photographie d’un homme. C’est en tout cas l’une des seules images de l’époque à avoir été datée officiellement et la seule à nous être parvenue avec une qualité suffisante pour distinguer une silhouette humaine.

Détail de la photographie

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Jacques Doucet

Jacques Doucet était un grand couturier, un collectionneur et un mécène des années 1880-1920. Sa contribution à l’histoire de l’art en fait un personnalité historique de Paris.

Couturier

Jacques Doucet est né à Paris en 1853. Son père vendait des chemises pour hommes, et sa mère de la dentelle et de lingeries pour dames dans leur boutique située au 21 rue de la Paix, à deux pas de l’Opéra Garnier inauguré en 1875.

C’est d’ailleurs en 1875, alors qu’il était âgé de 22 ans, que Jacques Doucet a repris l’entreprise familiale. Il a alors étendu leur activité en ajoutant aux chemises et à la lingerie, la confection de robes et de manteaux sur mesure. Il incorpore de la dentelle, des ornements de lingeries et s’inspire de la mode du 18ème siècle dans ses créations. Il a ensuite adapté ses confections aux évolutions du goût, notamment après la Première Guerre mondiale.

Rapidement, ses négligés, ses robes d’intérieur et ses robes de soirée ont font sa renommée. Et l’entreprise Doucet — devenu l’une des premières maisons de haute-couture de Paris — est devenue un lieu incontournable de la mode parisienne pour une riche clientèle d’actrices et de femmes du monde, comme Réjane, Sarah Bernhardt, Liane de Pougy, ou la Belle Otéro.

La maison Doucet — aujourd’hui disparue — a ainsi eu une grande influence dans l’histoire de la mode. Jacques Doucet a d’ailleurs formé plusieurs assistants qui sont eux-mêmes devenus de grands noms de la mode, comme Madeleine Vionnet ou Paul Poiret.

Néanmoins, Jacques Doucet n’appréciait pas être défini comme couturier, il préférait être perçu comme un collectionneur d’art, son autre grande passion.

“Le Salon de M. Doucet” (dessin de Pierre Gatie datant de 1911 representant la boutique Doucet, rue de la Paix)

Collectionneur d’art

En effet, il a rapidement investi dans l’art une partie de la fortune gagnée grâce à la mode. Il a ainsi constitué une première collection de mobilier, d’objets décoratifs et d’œuvres d’art datant du 18ème et 19ème siècle. Et cela sans doute, pour emménager sa demeure en vue de son mariage avec une jeune femme issue d’une famille noble qu’il aimait en secret.

Après la mort de cette dernière, en 1912, il a vendu la quasi-totalité de cette collection lors d’une vente aux enchères qui a été qualifiée de « vente du siècle » par les journaux de l’époque, et qui lui a rapporté presque 15 millions de francs anciens, soit l’équivalent de 47 millions d’euros.

Il s’est ensuite lancé dans la constitution d’une nouvelle collection, en s’appuyant sur les conseils de spécialistes de différents courants artistiques. Il s’est alors concentré sur le mobilier et l’art moderne ou contemporain.

Il conservait ses plus belles pièces dans les différents appartements qu’il a eu et qui ressemblaient donc à de véritables musées. Son dernier logement — un hôtel particulier de la rue Saint James à Neuilly démoli après sa mort — était ainsi équipé d’une collection de pièces Art-Déco signées de Marcel Coard, Joseph Csaky, Jean Dunand, Eileen Gray et Pierre Legrain. L’appartement s’ouvrait sur un vestibule où étaient accrochées Les Demoiselles d’Avignon de Picasso. On y trouvait une pièce, d’inspiration orientale, remplie de porcelaines chinoises, de cristaux, d’émaux et de statuettes bouddhistes. Et dans la salle principale, des peintures — de Manet, Cézanne, Degas, Van Gogh, Matisse, Picasso, ou encore Miro — trônaient non loin d’œuvres primitives de Côte d’Ivoire et d’Afrique centrale.

À noter que le couturier Yves-Saint-Laurent, s’est par la suite inspiré de ce décor pour aménager son propre appartement et constituer sa propre collection.

Bibliophile

Conseillé par différents spécialistes, Jacques Doucet a également constitué une bibliothèque couvrant l’art de tous les temps et de tous les pays, et rassemblant 100 000 volumes, ainsi que des manuscrits originaux, des esquisses et travaux préparatoires ayant servi à la conception d’œuvres d’art, des photographies documentaires, et une collection de dessins.

Pour faire de la place à cette bibliothèque, il a racheté 6 appartements mitoyens à son logement d’alors situé rue Spontini dans le 16ème arrondissement de Paris.

En 1917, il en a légué le contenu à l’université de la Sorbonne en 1917, qui l’a installé en 1936 dans les locaux de l’Institut d’art et d’archéologie, rue Michelet. En 2003, cette bibliothèque a été déplacée dans la salle Labrouste de l’Institut national d’histoire de l’art.

En 1929, Jacques Doucet est mort des suites d’une maladie cardiaque. Entre-temps, il avait vendu sa maison de haute-couture à un financier qui l’a fusionné à l’entreprise du couturier Georges Doeuillet pour en faire la marque Dœuillet-Doucet qui a perduré jusqu’en 1937.

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Le premier vol habité en montgolfière

Parmi les avancées scientifiques qui ont marqué l’histoire de Paris, on compte le premier vol libre en montgolfière avec des humains à bord.

En 1782, les frères Montgolfier avaient inventé la montgolfière, un ballon en papier, gonflé à l’air chaud et attaché à une nacelle en osier. Ils y avaient fait voler un canard et un mouton durant une démonstration à Versailles devant le roi Louis XVI, mais leur montgolfière n’avait pas encore transporté un humain.

Le marquis d’Arlandes et Pilâtre de Rozier

Ce premier vol était dangereux, et il a d’abord été question de l’effectuer avec des condamnés à mort. Toutefois, Pilâtre de Rozier, chimiste et physicien à la cour du roi, a proposé ses services aux frères Montgolfier et a fait jouer ses relations afin d’obtenir l’autorisation d’être le premier homme à voler en montgolfière. Son ami d’enfance, le marquis d’Arlandes, un petit noble auvergnat casse-cou et passionné de sciences, s’est ensuite joint à lui.

Le 19 octobre, les deux hommes ont donc effectué un premier vol en amarrant la montgolfière au sol avec des cordes de 30 mètres, afin qu’elle ne s’envole pas trop loin et effectuer différents tests.

Premier vol habité, le 19 octobre 1783

Le 21 novembre 1783, ils ont finalement réalisé leur premier vol libre. Ils sont partis du parc du château de la Muette — actuel jardin du Ranelagh dans le 16ème arrondissement de Paris — devant une foule de curieux. Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes se sont élevés à plus de 1 000 mètres. Ils ont parcouru 9 kilomètres et ont survolé la Seine, les Invalides et Saint-Sulpice. Ils alimentaient le feu de paille sous le ballon en papier avec des chiffons et ont dû plusieurs fois éteindre des flammes risquant de brûler totalement le ballon en papier. Ils sont finalement redescendus après une vingtaine de minutes de vol à l’angle de l’actuelle rue Vandrezanne, sur la Butte aux Cailles.

Ils sont ainsi devenus les deux premiers aéronautes du monde ! Ce n’était toutefois que le début d’une longue aventure humaine, puisqu’une semaine plus tard deux autres hommes se lançaient déjà depuis le jardin des Tuileries avec un ballon bien mieux conçu et gonflé à l’hydrogène.

Pillatre de Rozier est mort deux ans plus tard lors d’un autre vol en montgolfière.

A gauche : le premier voyage aérien de Pilâtre de Rozier et du marquis d’Arlandes. A droite : la mort de Pilâtre de Rozier (Cartes postales commémoratives datant de la fin du 19ème siècle)

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