« La vie, c'est Paris ! Paris, c'est la vie ! » (Marie Bashkirtseff)


Jacques Doucet

Jacques Doucet était un grand couturier, un collectionneur et un mécène des années 1880-1920. Sa contribution à l’histoire de l’art en fait un personnalité historique de Paris.

Couturier

Jacques Doucet est né à Paris en 1853. Son père vendait des chemises pour hommes, et sa mère de la dentelle et de lingeries pour dames dans leur boutique située au 21 rue de la Paix, à deux pas de l’Opéra Garnier inauguré en 1875.

C’est d’ailleurs en 1875, alors qu’il était âgé de 22 ans, que Jacques Doucet a repris l’entreprise familiale. Il a alors étendu leur activité en ajoutant aux chemises et à la lingerie, la confection de robes et de manteaux sur mesure. Il incorpore de la dentelle, des ornements de lingeries et s’inspire de la mode du 18ème siècle dans ses créations. Il a ensuite adapté ses confections aux évolutions du goût, notamment après la Première Guerre mondiale.

Rapidement, ses négligés, ses robes d’intérieur et ses robes de soirée ont font sa renommée. Et l’entreprise Doucet — devenu l’une des premières maisons de haute-couture de Paris — est devenue un lieu incontournable de la mode parisienne pour une riche clientèle d’actrices et de femmes du monde, comme Réjane, Sarah Bernhardt, Liane de Pougy, ou la Belle Otéro.

La maison Doucet — aujourd’hui disparue — a ainsi eu une grande influence dans l’histoire de la mode. Jacques Doucet a d’ailleurs formé plusieurs assistants qui sont eux-mêmes devenus de grands noms de la mode, comme Madeleine Vionnet ou Paul Poiret.

Néanmoins, Jacques Doucet n’appréciait pas être défini comme couturier, il préférait être perçu comme un collectionneur d’art, son autre grande passion.

“Le Salon de M. Doucet” (dessin de Pierre Gatie datant de 1911 representant la boutique Doucet, rue de la Paix)

Collectionneur d’art

En effet, il a rapidement investi dans l’art une partie de la fortune gagnée grâce à la mode. Il a ainsi constitué une première collection de mobilier, d’objets décoratifs et d’œuvres d’art datant du 18ème et 19ème siècle. Et cela sans doute, pour emménager sa demeure en vue de son mariage avec une jeune femme issue d’une famille noble qu’il aimait en secret.

Après la mort de cette dernière, en 1912, il a vendu la quasi-totalité de cette collection lors d’une vente aux enchères qui a été qualifiée de « vente du siècle » par les journaux de l’époque, et qui lui a rapporté presque 15 millions de francs anciens, soit l’équivalent de 47 millions d’euros.

Il s’est ensuite lancé dans la constitution d’une nouvelle collection, en s’appuyant sur les conseils de spécialistes de différents courants artistiques. Il s’est alors concentré sur le mobilier et l’art moderne ou contemporain.

Il conservait ses plus belles pièces dans les différents appartements qu’il a eu et qui ressemblaient donc à de véritables musées. Son dernier logement — un hôtel particulier de la rue Saint James à Neuilly démoli après sa mort — était ainsi équipé d’une collection de pièces Art-Déco signées de Marcel Coard, Joseph Csaky, Jean Dunand, Eileen Gray et Pierre Legrain. L’appartement s’ouvrait sur un vestibule où étaient accrochées Les Demoiselles d’Avignon de Picasso. On y trouvait une pièce, d’inspiration orientale, remplie de porcelaines chinoises, de cristaux, d’émaux et de statuettes bouddhistes. Et dans la salle principale, des peintures — de Manet, Cézanne, Degas, Van Gogh, Matisse, Picasso, ou encore Miro — trônaient non loin d’œuvres primitives de Côte d’Ivoire et d’Afrique centrale.

À noter que le couturier Yves-Saint-Laurent, s’est par la suite inspiré de ce décor pour aménager son propre appartement et constituer sa propre collection.

Bibliophile

Conseillé par différents spécialistes, Jacques Doucet a également constitué une bibliothèque couvrant l’art de tous les temps et de tous les pays, et rassemblant 100 000 volumes, ainsi que des manuscrits originaux, des esquisses et travaux préparatoires ayant servi à la conception d’œuvres d’art, des photographies documentaires, et une collection de dessins.

Pour faire de la place à cette bibliothèque, il a racheté 6 appartements mitoyens à son logement d’alors situé rue Spontini dans le 16ème arrondissement de Paris.

En 1917, il en a légué le contenu à l’université de la Sorbonne en 1917, qui l’a installé en 1936 dans les locaux de l’Institut d’art et d’archéologie, rue Michelet. En 2003, cette bibliothèque a été déplacée dans la salle Labrouste de l’Institut national d’histoire de l’art.

En 1929, Jacques Doucet est mort des suites d’une maladie cardiaque. Entre-temps, il avait vendu sa maison de haute-couture à un financier qui l’a fusionné à l’entreprise du couturier Georges Doeuillet pour en faire la marque Dœuillet-Doucet qui a perduré jusqu’en 1937.

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Kiki de Montparnasse

Alice Ernestine Prin — connue sous le pseudonyme de Kiki de Montparnasse ou Kiki — était un modèle et une artiste incontournable du quartier Montparnasse durant l’entre-deux-guerres. En marquant ainsi la vie du quartier, elle est devenue une figure historique de Paris.

Une enfance difficile

Alice Ernestine Prin est née en 1901 en Bourgogne. Conçue hors mariage et non reconnue par son père, elle a été élevée par sa grand-mère, dans une très grande pauvreté. À 12 ans, elle a été envoyée à Paris rejoindre sa mère qui y travaillait dans un atelier.

À 14 ans, elle a arrêté l’école et a commencé à exercer différents métiers en tant qu’apprentie : brocheuse dans une imprimerie, fleuriste, laveuse de bouteilles consignées dans un magasin Félix Potin ou encore visseuse d’ailes d’avion. À 16 ans, après avoir quitté un emploi dans une boulangerie et s’être retrouvée sans revenue, elle a accepté de poser nue pour un sculpteur du quartier Montparnasse où elle vivait avec sa mère. Cette activité était bien payée, mais sa mère l’a mise à la porte lorsqu’elle l’a appris, car elle considérait cela comme de la prostitution.

Modèle

Malgré cela, Alice Ernestine Prin a poursuivi sa carrière de modèle pour des peintres et des sculpteurs du quartier. Elle s’est également mise à fréquenter assidûment la brasserie de la Rotonde où se retrouvaient de nombreux artistes. Elle s’est alors métamorphosée en adoptant une coupe au bol, soulignant ses yeux avec du khôl et ses lèvres avec un rouge très marqué.

À la Rotonde, elle a rencontré le peintre Maurice Mendjizki, pour qui elle a posé, avec qui elle s’est mise en ménage en 1918, et qui lui a donné son surnom : Kiki. À la même époque, elle a aussi servi de modèle pour des œuvres d’Amedeo Modigliani, Tsugouharu Foujita, Moïse Kisling et bien d’autres.

À partir de 1921, elle a travaillé pour le photographe américain Man Ray, leur collaboration aboutissant notamment à la célèbre photo « Le violon d’Ingres ». Elle a aussi tourné dans ses courts-métrages, comme « L’étoile de mer », en 1928. En couple avec lui, elle a emménagé dans l’immeuble de style Art déco du 31 bis rue Campagne-Première, à Montparnasse, composé d’ateliers d’artistes.

Artiste

Depuis ses débuts de modèle, Kiki de Montparnasse a appris à chanter, danser et même à peindre en commençant à faire les portraits de soldats britanniques et américains croisés à la Rotonde. Elle a fini par être exposée dans diverses galeries parisiennes au tournant des années 1920 et 1930.

Les lavandières (peinture de Kiki de Montparnasse datant de 1927)

Devenue une véritable célébrité, Kiki a été désignée « reine de Montparnasse » en 1929 lors d’un gala de bienfaisance organisé au théâtre Bobino, situé rue de la Gaîté. L’année suivante, elle a publié un livre de souvenirs, préfacé par Ernest Hemingway. Censuré aux États-Unis, l’ouvrage est néanmoins un véritable succès.

Tenancière de cabaret

Au début des années 1930, elle s’est mise à faire le tour des cabarets parisiens — comme le Moulin de la Galette à Montmartre — pour y chanter et danser, afin de payer les soins médicaux de sa mère et de son compagnon de l’époque, le journaliste Henri Broca. En 1937, elle a d’ailleurs ouvert son propre établissement « Chez Kiki », dans la rue Vavin, toujours à Montparnasse.  

Toutefois, en proie à la dépression, elle sombre lentement dans l’alcool et la drogue. Du reste, la Seconde Guerre mondiale a mis un coup d’arrêt à l’ambiance insouciante et festive du quartier. Finissant dans la misère et la solitude, Kiki est morte en 1953. Elle repose au cimetière du Montparnasse.

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