Le climat parisien est de type océanique. Les hivers y sont donc doux avec une température moyenne tournant autour des 5° Celsius. La capitale a néanmoins connu quelques hivers exceptionnels. Cela a été le cas de celui de 1879 qui a été si rude qu’on le peut le classer parmi les rares catastrophes naturelles qui ont touché Paris.
Accumulation de neige
Au début du mois de décembre 1879, la neige a recouvert Paris. La quantité était si importante et les températures si basses qu’elle y est restée plusieurs semaines.
Paris n’était pas préparé et le déblaiement s’est avéré extrêmement difficile, voire impossible. Le service de la voie publique de la ville a mobilisé environ 20 000 ouvriers, 3000 charrettes et 5000 chevaux. Cela n’étant pas suffisant, elle a dû réquisitionner les commerçants, les artisans et les maraîchers disposant de charrettes et de chevaux. Le 11 décembre se sont ainsi 40 000 véhicules et 11 000 chevaux qui ont été employés pour dégager la neige des grands axes.
Encore fallait-il savoir ou mettre les tonnes de neige ainsi dégagée. Les décharges publiques ont vite été remplies. Il a alors été décidé de jeter la neige dans Seine, mais le fleuve a gelé et la neige accumulée a fini par atteindre le haut des ponts.
L’accumulation de neige sur les toits a également causé des problèmes, car toutes les constructions n’étaient pas assez solides pour en supporter le poids. Or la mairie a interdit aux Parisiens de déblayer leurs toits, afin d’éviter que la neige tombe dans la rue et s’ajoute à celle qu’elle n’arrivait pas à enlever. Des constructions se sont donc écroulées.
Le marché Saint Martin, situé dans le 10e arrondissement, était fait de pierre et de poutres métalliques et paraissait solide. Le 9 décembre 1879, vers 21h45, il s’est affaissé sous le poids de la neige dans un fracas assourdissant. Le marché étant vide à cette heure tardive, il n’y’a pas eu de victime.
Ralentissement des transports terrestres et fluviaux
La neige a considérablement ralenti les déplacements dans la région parisienne. Les lignes de train se sont arrêtées. Les tramways et les omnibus tractés par des chevaux ont été confrontés à des accidents très fréquents, car les animaux dérapaient sur la chaussée. Certains Parisiens ont donc eu l’idée de fabriquer des traîneaux pour remplacer les fiacres. On a ainsi compté sur les Champs-Élysées, jusqu’à un traîneau pour cinq carrosses durant cet hiver 1879 !
De même, la Seine étant gelée sur 40 centimètres d’épaisseur, la circulation des bateaux y est devenue impossible. La glace a endommagé les coques des navires, même si les mariniers tentaient de la briser au fur et à mesure qu’elle se formait autour de leurs bateaux.
Les Parisiens ont alors commencé à se promener à pied sur la Seine et à y faire du patin. La nuit de Noël 1879, une balade au flambeau y a même été organisée, entre le pont de la Concorde et le Pont-Neuf.
Début janvier 1880, la glace a fondu brusquement à la faveur d’un réchauffement de la température. Le courant a été très fort et les morceaux de glace et les déchets de bois ont endommagé différents ponts de Paris, brisant même la passerelle des Invalides.
La Seine a ensuite gelé de nouveau, perdant son aspect lisse et devenant impraticable même à pied ou en patin.
Toutes ces difficultés de transport ont fini par impacter l’approvisionnement de la ville. Les Parisiens n’ont pas connu la famine durant l’hiver, mais certaines marchandises, comme le charbon, ont manqué.
Immobilisation des machines par le gel
Durant cet hiver 1879, la température est descendue jusqu’à -23 degrés. Ce froid sibérien a causé des problèmes en gelant de nombreux mécanismes.
Des canalisations d’eau ont gelé et se sont brisées. Le gaz a dû être coupé, car les compteurs étaient pris par le givre. Le Musée du Louvre a ainsi dû fermer ses portes, car le chauffage n’y fonctionnait plus.
De même, des usines ont été mises à l’arrêt puisque les machines étaient grippées par le froid. Des milliers d’ouvriers parisiens se sont donc retrouvés au chômage technique. Une chaudronnerie industrielle située dans la rue Vicq d’Azir, entre le canal Saint Martin et le parc des Buttes Chaumont, a même été détruite. Le gel a bloqué un circuit d’évacuation d’une machine à vapeur qui s’y trouvait. La pression s’y est donc accumulée et tout a explosé. Le plafond de l’usine s’est écroulé et les flammes se sont propagées. Six ouvriers ont été tués et quatre autres blessés.
Premier salage des rues parisiennes
Si le déblayage de la neige n’a pas été efficace, cet hiver 1879 a néanmoins été l’occasion de mettre en place un nouveau procédé à Paris : le salage des rues. Après un essai fructueux sur le boulevard de Clichy, 20 000 kilos de sel ont été rependus sur les rails des tramways permettant ainsi de les faire repartir. Quelques grands axes ont ensuite bénéficié de ce traitement. Après l’hiver 1879, Paris a donc décidé de commander avant chaque saison hivernale 4 000 tonnes de sel réparties dans une dizaine de dépôts municipaux. Le chasse-neige a même fait son apparition quelques années plus tard, en 1881.
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Paris a connu quelques catastrophes naturelles dans son histoire. À ce titre, on peut évoquer le grand hiver de 1879… ou encore la crue de 1910 durant laquelle une partie de Paris a été submergée par les eaux.
Manque d’anticipation malgré des signes avant-coureurs
En 1909, Paris a connu un été très pluvieux et d’abondantes précipitations à l’automne qui ont saturé les sols d’eau. La région a ensuite été frappée par un début d’hiver très froid qui a gelé les sols et qui les a rendus encore plus difficilement pénétrables par la pluie. Or à la mi-janvier d’importants orages se sont de nouveau abattus sur la région parisienne. Les sols étant déjà gorgés d’eau et impénétrables, l’eau a ruisselé jusqu’aux affluents de la Seine et provoqué leurs crues.
Rapidement, des communes de la banlieue de l’Est parisien ont commencé à être inondées, mais personne à Paris n’a semblé prendre la mesure de ce qu’il risquait de se passer et rien n’a été préparé pour faire face à la crue dans la capitale.
Peut-être que ce manque d’anticipation a été causé par un sentiment d’invulnérabilité et une confiance trop forte des Parisiens dans leur ville. En effet, celle-ci s’était modernisée à la faveur de la révolution industrielle ; l’électricité, le métro et les véhicules à moteur s’y étaient développés ; et elle connaissait un rayonnement international depuis l’exposition universelle de 1900.
Quoi qu’il en soit, le 20 janvier 1910, ce qui a été appelé la « semaine terrible » a commencé pour Paris.
Montée du niveau de la Seine
Dès le 20 janvier, le Zouave du pont de l’Alma avait déjà les pieds dans l’eau. Cette statue de Georges Diebolt, inaugurée en 1856, représente un des soldats de la guerre de Crimée. Elle fait office de repère de la montée des eaux de la Seine. Lorsque ses pieds sont sous l’eau, cela signifie que le niveau de la Seine se trouve à 3,80 mètres de hauteur d’eau au-dessus de la normale. Le jour même, la navigation sur la Seine a donc été arrêtée, car il n’y a plus assez de place pour passer sous les ponts. Du reste, les berges étaient inondées.
Le 28 janvier, à l’apogée de la crue, l’eau a atteint les épaules du Zouave du pont de l’Alma. Le niveau de Seine a ainsi fini par atteindre les 8,62 mètres au-dessus de la normale.
Paris sous l’eau
Entre-temps, dès le 21 janvier, les eaux de la Seine se sont diffusées par infiltration dans tous les réseaux souterrains de la ville (égout, distribution d’eau, téléphone, métro…). L’eau ressortait dans la ville par les bouches d’égout et les sorties du métro… précédées par des nuées de rats qui vivaient dans les égouts et qui fuyaient la montée des eaux.
12 arrondissements de Paris et 40 kilomètres de rues ont ainsi été inondés, soit 720 hectares au total.
Les zones autour de la Seine ont été les plus touchées, en particulier celles qui correspondaient au lit du fleuve à l’époque néolithique puis à des marécages progressivement asséchés à partir du Moyen Âge, comme le quartier du Marais qui a donc été totalement submergé.
Or, ces espaces autour de la Seine ont toujours concentré les fonctions politiques et culturelles de Paris et de la France. Les lieux de prise de décision ont donc été largement désorganisés par la crue. De nombreuses archives importantes ont été perdues, comme celles du Palais de Justice sur l’île de la Cité. Des musées importants ont aussi été endommagés, même si les tableaux conservés dans les sous-sols du Louvre ont été sauvés in extremis.
Au final, ce sont 20 000 immeubles qui ont été touchés et plus de 200 000 Parisiens (sur 3 millions) qui se sont retrouvés sans logement. Certains se sont réfugiés chez leurs voisins à l’étage supérieur ou dans leurs familles. D’autres ont été hébergés dans des gymnases comme celui de la rue Saint-Lambert.
Dès le 22 janvier, le gouvernement a débloqué 2 millions de francs-or, puis 20 millions en plus le 11 février pour dédommager les victimes de cette catastrophe naturelle.
Paris à l’arrêt
Les rues se sont transformées en canaux semblables à ceux de Venise, et la circulation en tramway, en voiture ou à pied est devenue impossible. Du reste, la moitié du réseau métropolitain existant à l’époque a été inondée, toutes comme les Gares d’Orsay, d’Austerlitz et de Saint-Lazare.
Le 22 janvier, le gouvernement a donc envoyé l’armée pour installer des planches de bois au niveau des habitations les plus proches de la Seine. D’autres Parisiens ont eu recours à des chevaux quand le niveau de l’eau n’était pas trop haut ou bien à des barques.
Avec la montée des eaux, les installations électriques et téléphoniques sont tombées en panne dans tout Paris. L’usine de la Société Urbaine d’Air Comprimé située dans le 13e arrondissement a également été arrêtée. Or, l’air comprimé alimentait à l’époque les horloges publiques, les ascenseurs, les pompes à eau, et de nombreuses machines dans les usines. Enfin, les stocks de charbon n’ayant pas été mis à l’abri, une grande partie était détrempée et inutilisable. Sans électricité, sans air comprimé et sans charbon, toute l’industrie du bassin parisien a donc été immobilisée.
Ce n’est pas tout. Les usines d’épuration située au bord de la Seine sont devenues inaccessibles et l’eau potable a manqué dans certains quartiers de Paris. Les égouts ont débordé et ont reflué dans les rues et dans la Seine.
De même, des dizaines de milliers de fosses septiques dans les sous-sols qui n’étaient pas raccordés aux collecteurs municipaux ont été inondées.
Les incinérateurs de déchets ont subi le même sort que les usines d’épuration, et comme les bateaux qui évacuaient hors de Paris les ordures ne pouvaient plus passer sous les ponts, les déchets ont commencé à s’amonceler dans la ville. Le préfet a donc mis en place l’opération « Ordures au fil de l’eau » consistant à collecter et déverser les déchets dans la Seine, en aval de Paris, à partir du pont de Tolbiac. 1 300 tonnes de déchets ont ainsi été noyées dans le fleuve, volontairement ou non.
L’eau étant ainsi polluée, des cas de scarlatine et de typhoïde sont apparus, tandis les autorités ont commencé à craindre une épidémie de choléra, comme en 1884.
Épilogue
À partir du 29 janvier 1910, l’eau a commencé à baisser, mais il fallut attendre la mi-mars pour que la crue soit entièrement résorbée. Il a ensuite fallu plus de deux mois pour évacuer les boues et la vase, pomper l’eau des caves, désinfecter et assainir les sous-sols et les immeubles.
Au total, l’inondation a causé des dégâts d’un montant de 400 millions de francs-or (soit l’équivalent de plus de 1,6 milliard d’euros). La catastrophe a aussi fait une victime à Paris et une trentaine dans sa banlieue.
Pour éviter qu’une telle catastrophe ne se reproduise, il a été décidé de renforcer la surveillance des affluents de la Seine. Des barrages-réservoirs ont aussi été construits après une nouvelle inondation en 1924. Ces grandes constructions permettent de retenir une partie de l’eau des rivières en crue en amont de Paris.
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Les premières montres portatives sont apparues au 16ème. Pendant longtemps, elles ont été considérées comme des objets de luxe et seuls les riches pouvaient s’en offrir une. Du reste, elles n’étaient pas automatiques.
À Paris, les nobles et les bourgeois qui possédaient une montre devaient donc la remonter chaque jour à midi en se fiant aux cloches d’une église, à une horloge publique (la plus ancienne étant celle de l’île de la Cité), ou un cadran solaire.
C’est dans ce contexte, en 1785, qu’un certain Rousseau, horloger parisien installé au Palais Royal, au 95 de la Galerie de Beaujolais, semble avoir inventé un objet qui a ensuite été baptisé canon de midi ou canon solaire.
Ce canon servait à un indiquer à son propriétaire lorsqu’il était midi afin de lui permettre de régler sa montre. Il mesurait quelques centimètres et était équipé d’une loupe, précisément installée dans l’axe du méridien de Paris, qui concentrait les rayons du soleil afin d’enflammer une mèche mettant à feu une petite charge de poudre produisant une forte détonation, à midi. Aucun projectile n’était envoyé.
Ce canon de midi a remporté un certain succès et, en 1786, Louis-Philippe d’Orléans en un commandé un exemplaire géant afin d’en faire une attraction pour le jardin du Palais Royal. Pendant longtemps, ce canon a ainsi attiré les possesseurs de montre des environs ainsi que de nombreux curieux.
Il a arrêté de tonner après la loi de 1911 qui a imposé l’heure de Greenwich. Il a ensuite été rénové en 1974, puis volé en 1998. Aujourd’hui, une copie peut toujours être admirée au Palais Royal. Un artificier fait tonner ce canon tous les mercredis à midi.
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Au moyen-âge, la plupart des rues de Paris mesuraient seulement trois mètres de large. Et il n’y avait pas de trottoir. Le sol des rues était fait de terre et était donc boueux dès qu’il avait plu. Il était couvert de détritus et d’excréments en tous genre.
Ces rues étaient encombrées de chariots difficiles à manœuvrer et provocants régulièrement des accidents en abîmant les façades ou en écrasant les piétons. À ces chariots, s’ajoutaient toutes sortes d’animaux : chevaux, ânes, chèvres, cochons et volailles se baladant en liberté et se nourrissaient de détritus. Là aussi, cela pouvait causer des accidents … et un événement insolite dans l’histoire de Paris !
Le prince Philippe de France était le fils du roi Louis VI et de sa troisième femme, Adèle de Champagne. Âgé de 14 ans, il avait été désigné comme futur roi et sacré à Reims par son père deux ans auparavant.
Le 13 octobre 1131, il se déplaçait à cheval dans Paris et il s’engouffra dans une rue étroite près de l’Hôtel de Ville et de la place de Grève : la rue Martroi, aujourd’hui disparue. Un cochon s’est alors mis sur son passage. Le prince est tombé de cheval la tête la première et son cheval la piétiné.
L’abbé Suger proche du roi a ainsi écrit dans sa chronique du règne de Louis VI : « un porc, véritable envoyé du diable, se mit en travers de son chemin et heurta le cheval qui tomba lourdement. Le cavalier fut projeté sur une grosse pierre, piétiné, puis écrasé par le corps du cheval ».
Le prince Philippe est décédé quelques heures plus tard avec, à son chevet, ses parents Louis VI et Adélaïde de Savoie.
Suite à ce drame, Louis VI aurait émis un édit royal interdisant à tous les propriétaires de cochon de les laisser circuler dans les rues de Paris, sous peine de les voir confisquer au profit du bourreau. Cette interdiction n’a toutefois pas été appliquée très longtemps, et d’autres rois ont dû l’imposer de nouveau en 1261, 1369 et 1667. Preuve de la persistance du problème.
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Sarah Bernhardt était une actrice de théâtre et de cinéma, connue en France et à l’étranger. Elle est restée dans les mémoires devenant ainsi un véritable personnage historique de Paris.
Débuts
Sarah Bernhardt est née à Paris, entre 1841 et 1844. Sa mère était une créatrice de chapeau et une courtisane parisienne, connue sous le nom de Youle. Son père était probablement un marin, mais il ne l’a jamais reconnu.
Sa mère l’a rapidement délaissé et l’a confié à une nourrice en Bretagne. Toutefois, l’amant de sa tante — le duc de Morny — a pourvu à son éducation et l’a inscrite au couvent des Grand-Champs à Versailles où elle a étudié jusqu’à ses 14 ans. Elle y a joué ses premiers rôles dans des spectacles religieux et a envisagé pendant un temps de devenir nonne.
Elle a ensuite passé le concours du Conservatoire d’Art dramatique de Paris, grâce à la recommandation du duc de Morny, et elle y a été reçue en 1859. Bien notée, elle est entrée à la Comédie-Française, mais elle en a été renvoyée en 1866 pour avoir giflé une autre active qui avait violemment bousculé sa sœur.
Succès en France
Malgré cela, elle a signé un contrat avec le théâtre de l’Odéon et a commencé à se faire connaître du public grâce à son interprétation dans Le Passant de François Coppée en 1869.
Elle a ensuite triomphé avec le rôle de la Reine dans Ruy Blas, la pièce de Victor Hugo. Ce succès lui valut d’être rappelée par la Comédie-Française, dont elle a été nommée sociétaire en 1875. Elle y a ensuite joué Phèdre et une autre pièce de Victor Hugo : Hernani.
Son style de jeu, grandiloquent et exagéré, tant dans la gestuelle que dans les intonations de la voix, lui a alors valu d’être surnommée la « Voix d’or », « la Divine » ou encore l’« Impératrice du théâtre ».
Après de multiples rôles, elle a pris la direction du Théâtre de la Renaissance, puis en 1899, celle du théâtre des Nations, qu’elle a rebaptisé Théâtre Sarah-Bernhardt, et qui porte aujourd’hui le nom de Théâtre de la Ville.
Star internationale
Parallèlement, en 1880, elle a créé sa propre compagnie avec laquelle elle a joué à l’étranger jusqu’en 1917. Devenue l’une des premières « stars » internationales du théâtre, elle s’est ainsi produite à Londres, ou Oscar Wilde lui a écrit la pièce Salomé ; à New York et Los Angeles où elle a joué des rôles d’hommes comme Hamlet et obtenu son étoile sur Hollywood Boulevard ; à Copenhague ; à Moscou et Saint-Pétersbourg et même en Amérique du Sud.
Après avoir joué dans plus de 120 spectacles en France et à l’étranger, Sarah Bernhardt est également devenue actrice de cinéma. Son premier film — Le Duel d’Hamlet — a été tourné en 1900. Il s’agissait d’un des premiers essais de cinéma parlant. Elle a ensuite joué dans une dizaine de films muets.
Sarah Bernhardt a aussi été novatrice dans son approche des arts du spectacle, par son usage des médias et de la réclame.
Elle a ainsi fait appel au peintre Alfons Mucha pour dessiner ses affiches à partir de décembre 1894. De même, afin de promouvoir son spectacle aux États-Unis, elle a rencontré Thomas Edison pour que celui-ci l’enregistre sur cylindre pendant qu’elle déclamait un passage de Phèdre.
Elle mettait également en scène sa vie personnelle de façon à susciter l’intérêt des journalistes et du public. Ainsi, dans les années 1880, alors que la rumeur courait qu’elle dormait dans un cercueil, elle a joué la carte de la provocation et s’est fait photographier dans un cercueil à son domicile afin de se faire encore plus de publicité. Les clichés ont fini par être vendus sous forme de carte postale.
Enfin, pour accroître encore ses revenus, elle n’hésitait pas à faire de la publicité pour l’alcool ou des produits de beauté.
En 1915, à l’âge de 70 ans, Sarah Bernhardt a été amputée de la jambe droite en raison d’une blessure mal soignée qu’elle s’était faite en chutant. Elle a malgré tout continué à jouer assise et en 1916, durant la Première Guerre mondiale, elle s’est même rendue sur le front pour rendre visite aux soldats français.
Elle a d’ailleurs fini par mourir durant le tournage d’un dernier film en 1923. Après des obsèques auxquelles ont assisté des milliers de Parisiens, elle a été enterrée à Paris au cimetière du Père-Lachaise.
Une statue de l’actrice, réalisée par le sculpteur français François-Léon Sicard en 1926, est située place du Général-Catroux dans le 17e arrondissement de Paris.
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Parmi les avancées scientifiques qui se sont produites à Paris, on compte la première réalisation d’une photographie immortalisant un être humain, en 1838.
Cette photo a été prise par Louis Daguerre, un artiste peintre et décorateur de théâtre qui était en train de mettre au point un nouvel appareil photographique – le daguerréotype – permettant d’enregistrer une image sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir et exposée directement à la lumière.
Il ne s’agissait pas du premier appareil photographique, mais il constituait une avancée considérable, car jusque-là les images produites n’étaient pas précises, avaient tendance à disparaître rapidement, et nécessitaient plusieurs jours de pose.
L’image représente le boulevard du Temple, dans le 3ème arrondissement de Paris. Elle a été prise depuis la fenêtre de l’appartement-atelier de Louis Daguerre situé sur la place de la République, au niveau de l’actuelle caserne Vérines. Elle a été prise au petit matin, vers 8h ou 9h, en avril ou mai 1838.
À ce moment, Louis Daguerre n’avait pas rendu publique son invention et réalisait encore des essais en vue de l’améliorer.
Il était ainsi parvenu à réduire à une vingtaine de minutes le temps de pose nécessaire à la réalisation d’une photographie. Aussi, tous les objets et personnes qui ne restaient pas immobiles durant ce laps de temps n’étaient pas fixés sur la photographie. Raison pour laquelle le boulevard du Temple semble vide sur l’image alors qu’il devait grouiller de passants et de voitures à cheval en ce matin de printemps.
Malgré cela — et c’est la particularité de ce cliché — on peut apercevoir la silhouette d’un homme en bas à droite. Il s’agit d’un parisien qui sans le savoir est resté sans bouger le temps que la photographie soit prise… car il était en train de se faire cirer les chaussures sur le boulevard !
Cette photographie a été considérée pendant longtemps comme la première photographie d’un homme. C’est en tout cas l’une des seules images de l’époque à avoir été datée officiellement et la seule à nous être parvenue avec une qualité suffisante pour distinguer une silhouette humaine.
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Jacques Doucet était un grand couturier, un collectionneur et un mécène des années 1880-1920. Sa contribution à l’histoire de l’art en fait un personnalité historique de Paris.
Couturier
Jacques Doucet est né à Paris en 1853. Son père vendait des chemises pour hommes, et sa mère de la dentelle et de lingeries pour dames dans leur boutique située au 21 rue de la Paix, à deux pas de l’Opéra Garnier inauguré en 1875.
C’est d’ailleurs en 1875, alors qu’il était âgé de 22 ans, que Jacques Doucet a repris l’entreprise familiale. Il a alors étendu leur activité en ajoutant aux chemises et à la lingerie, la confection de robes et de manteaux sur mesure. Il incorpore de la dentelle, des ornements de lingeries et s’inspire de la mode du 18ème siècle dans ses créations. Il a ensuite adapté ses confections aux évolutions du goût, notamment après la Première Guerre mondiale.
Rapidement, ses négligés, ses robes d’intérieur et ses robes de soirée ont font sa renommée. Et l’entreprise Doucet — devenu l’une des premières maisons de haute-couture de Paris — est devenue un lieu incontournable de la mode parisienne pour une riche clientèle d’actrices et de femmes du monde, comme Réjane, Sarah Bernhardt, Liane de Pougy, ou la Belle Otéro.
La maison Doucet — aujourd’hui disparue — a ainsi eu une grande influence dans l’histoire de la mode. Jacques Doucet a d’ailleurs formé plusieurs assistants qui sont eux-mêmes devenus de grands noms de la mode, comme Madeleine Vionnet ou Paul Poiret.
Néanmoins, Jacques Doucet n’appréciait pas être défini comme couturier, il préférait être perçu comme un collectionneur d’art, son autre grande passion.
Collectionneur d’art
En effet, il a rapidement investi dans l’art une partie de la fortune gagnée grâce à la mode. Il a ainsi constitué une première collection de mobilier, d’objets décoratifs et d’œuvres d’art datant du 18ème et 19ème siècle. Et cela sans doute, pour emménager sa demeure en vue de son mariage avec une jeune femme issue d’une famille noble qu’il aimait en secret.
Après la mort de cette dernière, en 1912, il a vendu la quasi-totalité de cette collection lors d’une vente aux enchères qui a été qualifiée de « vente du siècle » par les journaux de l’époque, et qui lui a rapporté presque 15 millions de francs anciens, soit l’équivalent de 47 millions d’euros.
Il s’est ensuite lancé dans la constitution d’une nouvelle collection, en s’appuyant sur les conseils de spécialistes de différents courants artistiques. Il s’est alors concentré sur le mobilier et l’art moderne ou contemporain.
Il conservait ses plus belles pièces dans les différents appartements qu’il a eu et qui ressemblaient donc à de véritables musées. Son dernier logement — un hôtel particulier de la rue Saint James à Neuilly démoli après sa mort — était ainsi équipé d’une collection de pièces Art-Déco signées de Marcel Coard, Joseph Csaky, Jean Dunand, Eileen Gray et Pierre Legrain. L’appartement s’ouvrait sur un vestibule où étaient accrochées Les Demoiselles d’Avignon de Picasso. On y trouvait une pièce, d’inspiration orientale, remplie de porcelaines chinoises, de cristaux, d’émaux et de statuettes bouddhistes. Et dans la salle principale, des peintures — de Manet, Cézanne, Degas, Van Gogh, Matisse, Picasso, ou encore Miro — trônaient non loin d’œuvres primitives de Côte d’Ivoire et d’Afrique centrale.
À noter que le couturier Yves-Saint-Laurent, s’est par la suite inspiré de ce décor pour aménager son propre appartement et constituer sa propre collection.
Bibliophile
Conseillé par différents spécialistes, Jacques Doucet a également constitué une bibliothèque couvrant l’art de tous les temps et de tous les pays, et rassemblant 100 000 volumes, ainsi que des manuscrits originaux, des esquisses et travaux préparatoires ayant servi à la conception d’œuvres d’art, des photographies documentaires, et une collection de dessins.
Pour faire de la place à cette bibliothèque, il a racheté 6 appartements mitoyens à son logement d’alors situé rue Spontini dans le 16ème arrondissement de Paris.
En 1917, il en a légué le contenu à l’université de la Sorbonne en 1917, qui l’a installé en 1936 dans les locaux de l’Institut d’art et d’archéologie, rue Michelet. En 2003, cette bibliothèque a été déplacée dans la salle Labrouste de l’Institut national d’histoire de l’art.
En 1929, Jacques Doucet est mort des suites d’une maladie cardiaque. Entre-temps, il avait vendu sa maison de haute-couture à un financier qui l’a fusionné à l’entreprise du couturier Georges Doeuillet pour en faire la marque Dœuillet-Doucet qui a perduré jusqu’en 1937.
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Parmi les avancées scientifiques qui ont marqué l’histoire de Paris, on compte le premier vol libre en montgolfière avec des humains à bord.
En 1782, les frères Montgolfier avaient inventé la montgolfière, un ballon en papier, gonflé à l’air chaud et attaché à une nacelle en osier. Ils y avaient fait voler un canard et un mouton durant une démonstration à Versailles devant le roi Louis XVI, mais leur montgolfière n’avait pas encore transporté un humain.
Ce premier vol était dangereux, et il a d’abord été question de l’effectuer avec des condamnés à mort. Toutefois, Pilâtre de Rozier, chimiste et physicien à la cour du roi, a proposé ses services aux frères Montgolfier et a fait jouer ses relations afin d’obtenir l’autorisation d’être le premier homme à voler en montgolfière. Son ami d’enfance, le marquis d’Arlandes, un petit noble auvergnat casse-cou et passionné de sciences, s’est ensuite joint à lui.
Le 19 octobre, les deux hommes ont donc effectué un premier vol en amarrant la montgolfière au sol avec des cordes de 30 mètres, afin qu’elle ne s’envole pas trop loin et effectuer différents tests.
Le 21 novembre 1783, ils ont finalement réalisé leur premier vol libre. Ils sont partis du parc du château de la Muette — actuel jardin du Ranelagh dans le 16ème arrondissement de Paris — devant une foule de curieux. Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes se sont élevés à plus de 1 000 mètres. Ils ont parcouru 9 kilomètres et ont survolé la Seine, les Invalides et Saint-Sulpice. Ils alimentaient le feu de paille sous le ballon en papier avec des chiffons et ont dû plusieurs fois éteindre des flammes risquant de brûler totalement le ballon en papier. Ils sont finalement redescendus après une vingtaine de minutes de vol à l’angle de l’actuelle rue Vandrezanne, sur la Butte aux Cailles.
Ils sont ainsi devenus les deux premiers aéronautes du monde ! Ce n’était toutefois que le début d’une longue aventure humaine, puisqu’une semaine plus tard deux autres hommes se lançaient déjà depuis le jardin des Tuileries avec un ballon bien mieux conçu et gonflé à l’hydrogène.
Pillatre de Rozier est mort deux ans plus tard lors d’un autre vol en montgolfière.
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Victor Hugo est un poète, dramaturge, homme politique français et personnalité historique de Paris.
Enfance
Victor Hugo est né en 1802 à Besançon. La famille Hugo a ensuite beaucoup voyagé et a fini par s’installer à Paris. C’est donc là que Victor Hugo a grandi, notamment dans le 5ème arrondissement, où il a vécu rue des Feuillantines et a étudié au lycée Louis-le-Grand. Son goût pour l’écriture lui est venu très tôt et il semble que c’est à l’âge de 14 ans qu’il a décidé de se lancer dans une carrière littéraire.
Poète, dramaturge et romancier
En 1821, âgé de 19 ans, il a publié sa première anthologie de poèmes, baptisée Odes. L’une des poésies consacrées à la mort du Duc de Berry a été remarquée par le roi Louis XVIII, et ce dernier lui a versé une pension de 2000 francs. La carrière de Victor Hugo était lancée. Il a ensuite publié une vingtaine de recueils.
Victor Hugo ne s’est cependant pas limité à la poésie. En 1827, il a sorti sa première pièce théâtre, nommée Cromwell, rapidement suivie d’une seconde en 1830 : Hernani. Celle-ci ne respectait pas les règles classiques du théâtre, et notamment celle des trois unités (de temps, de lieu et d’action). Elle a fait de Victor Hugo le chef de file d’un nouveau genre, le drame romantique, reprenant souvent des événements historiques et mêlant différents styles : tragique, pathétique, comique et burlesque. Hernani, joué à la Comédie française, a néanmoins provoqué de vifs affrontements tournant parfois à la bagarre entre les partisans du théâtre classique et ceux du drame romantique. En tout, Victor Hugo a écrit une douzaine de pièces.
En 1828, le premier roman de Victor Hugo a été édité. Trois ans plus tard, il a achevé l’un de ses plus grands succès, Notre-Dame de Paris, dont le récit se déroule au Moyen-âge autour de la cathédrale du même nom, sur l’île de la Cité. Les Misérables, son autre roman majeur, publié en 1862, évoque la misère en province et à Paris dans les années 1815-1832 à travers l’histoire Jean Valjean, un ancien forçat généreux qui tente d’échapper à un inspecteur zélé.
L’œuvre d’Hugo est donc intimement liée à Paris. Sa vie aussi.
Parisien
On l’a vu, Victor Hugo a grandi à Paris. En 1822, il y a épousé Adèle Foucher, son amour de jeunesse, devant l’hôtel de l’église Saint-Sulpice, dans le 6e arrondissement.
Avec sa femme et ses enfants, Victor Hugo a changé plus d’une vingtaine de fois de logement à Paris. L’une de ses adresses les plus connues est celle de la place des Vosges, où il a résidé entre 1832 et 1848. L’appartement qu’il y occupait a d’ailleurs été transformé en musée consacré à sa vie et à son œuvre. Parmi les lieux qu’il fréquentait régulièrement, on peut aussi citer le restaurant Le Grand Véfour, situé sous les galeries du Palais Royal, dans le 1er arrondissement. Les élites littéraires s’y rencontraient, et Victor Hugo y commandait toujours un plat de vermicelles avec du mouton et des haricots blancs.
Victor Hugo était très attaché à la Ville Lumière, à son histoire et à la préservation de son patrimoine architectural. En écrivant Notre-Dame de Paris, l’un de ses objectifs était d’ailleurs de sauver la cathédrale, qu’il fréquentait régulièrement, mais qui était alors dans un état de délabrement avancé et menacée de destruction. Son objectif a été atteint puisque le succès de son livre a suscité un nouvel élan d’intérêt pour ce monument et poussé les pouvoirs publics à lancer sa restauration qui a été achevée en 1844. De même, en 1847, Victor Hugo est intervenu en écrivant dans la presse des articles en faveur de la rénovation de la Sainte-Chapelle. On peut également évoquer son action auprès du Conseil Municipal de Paris afin de sauver de la destruction les vestiges des Arènes de Lutèce, découvertes en 1883 à l’occasion de la construction d’un dépôt de bus, et qui risquaient d’être détruits.
Homme politique
Après 1843, et la mort de sa fille aînée Léopoldine, Victor Hugo s’est aussi tourné vers la politique en parallèle à sa carrière littéraire, à travers laquelle il exprimait déjà son point de vue sur les questions sociétales et politiques de son époque. Fils d’un général bonapartiste et élevé par une mère royaliste, Victor Hugo a en effet progressivement adopté l’idéal républicain. Il a pris très tôt position contre la censure, contre la peine de mort, la pauvreté et les trop grandes inégalités sociales. Il a milité pour la paix et toutes les libertés.
En 1845, il a été nommé à la Chambre des Pairs par Louis-Philippe. Il a ensuite été élu député à l’Assemblée constituante de 1848. En 1851, il a condamné le coup d’État du Prince Louis-Napoléon et s’est opposé à l’avènement du Second Empire. Il a alors été contraint de s’exiler en Belgique, puis sur les îles de Jersey et Guernesey. À son retour triomphal en France, en 1868, il a prôné la réconciliation nationale et l’amnistie des communards et s’est engagé dans la défense de la Troisième République. Par la suite, il a été plusieurs fois député et sénateur.
Panthéonisation
En 1885, à l’âge de 83 ans, Victor Hugo est finalement mort des suites d’une congestion pulmonaire. Des funérailles nationales ont été organisées. Son cercueil a été déposé une nuit sous l’Arc de Triomphe et a été ensuite transféré au Panthéon, accompagné par une foule de deux millions de personnes. Des délégations du monde entier ont fait le déplacement pour un dernier hommage.
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Alice Ernestine Prin — connue sous le pseudonyme de Kiki de Montparnasse ou Kiki — était un modèle et une artiste incontournable du quartier Montparnasse durant l’entre-deux-guerres. En marquant ainsi la vie du quartier, elle est devenue une figure historique de Paris.
Une enfance difficile
Alice Ernestine Prin est née en 1901 en Bourgogne. Conçue hors mariage et non reconnue par son père, elle a été élevée par sa grand-mère, dans une très grande pauvreté. À 12 ans, elle a été envoyée à Paris rejoindre sa mère qui y travaillait dans un atelier.
À 14 ans, elle a arrêté l’école et a commencé à exercer différents métiers en tant qu’apprentie : brocheuse dans une imprimerie, fleuriste, laveuse de bouteilles consignées dans un magasin Félix Potin ou encore visseuse d’ailes d’avion. À 16 ans, après avoir quitté un emploi dans une boulangerie et s’être retrouvée sans revenue, elle a accepté de poser nue pour un sculpteur du quartier Montparnasse où elle vivait avec sa mère. Cette activité était bien payée, mais sa mère l’a mise à la porte lorsqu’elle l’a appris, car elle considérait cela comme de la prostitution.
Modèle
Malgré cela, Alice Ernestine Prin a poursuivi sa carrière de modèle pour des peintres et des sculpteurs du quartier. Elle s’est également mise à fréquenter assidûment la brasserie de la Rotonde où se retrouvaient de nombreux artistes. Elle s’est alors métamorphosée en adoptant une coupe au bol, soulignant ses yeux avec du khôl et ses lèvres avec un rouge très marqué.
À la Rotonde, elle a rencontré le peintre Maurice Mendjizki, pour qui elle a posé, avec qui elle s’est mise en ménage en 1918, et qui lui a donné son surnom : Kiki. À la même époque, elle a aussi servi de modèle pour des œuvres d’Amedeo Modigliani, Tsugouharu Foujita, Moïse Kisling et bien d’autres.
À partir de 1921, elle a travaillé pour le photographe américain Man Ray, leur collaboration aboutissant notamment à la célèbre photo « Le violon d’Ingres ». Elle a aussi tourné dans ses courts-métrages, comme « L’étoile de mer », en 1928. En couple avec lui, elle a emménagé dans l’immeuble de style Art déco du 31 bis rue Campagne-Première, à Montparnasse, composé d’ateliers d’artistes.
Artiste
Depuis ses débuts de modèle, Kiki de Montparnasse a appris à chanter, danser et même à peindre en commençant à faire les portraits de soldats britanniques et américains croisés à la Rotonde. Elle a fini par être exposée dans diverses galeries parisiennes au tournant des années 1920 et 1930.
Devenue une véritable célébrité, Kiki a été désignée « reine de Montparnasse » en 1929 lors d’un gala de bienfaisance organisé au théâtre Bobino, situé rue de la Gaîté. L’année suivante, elle a publié un livre de souvenirs, préfacé par Ernest Hemingway. Censuré aux États-Unis, l’ouvrage est néanmoins un véritable succès.
Tenancière de cabaret
Au début des années 1930, elle s’est mise à faire le tour des cabarets parisiens — comme le Moulin de la Galette à Montmartre — pour y chanter et danser, afin de payer les soins médicaux de sa mère et de son compagnon de l’époque, le journaliste Henri Broca. En 1937, elle a d’ailleurs ouvert son propre établissement « Chez Kiki », dans la rue Vavin, toujours à Montparnasse.
Toutefois, en proie à la dépression, elle sombre lentement dans l’alcool et la drogue. Du reste, la Seconde Guerre mondiale a mis un coup d’arrêt à l’ambiance insouciante et festive du quartier. Finissant dans la misère et la solitude, Kiki est morte en 1953. Elle repose au cimetière du Montparnasse.
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