« La vie, c'est Paris ! Paris, c'est la vie ! » (Marie Bashkirtseff)


Le prince tué par un cochon

Au moyen-âge, la plupart des rues de Paris mesuraient seulement trois mètres de large. Et il n’y avait pas de trottoir. Le sol des rues était fait de terre et était donc boueux dès qu’il avait plu. Il était couvert de détritus et d’excréments en tous genre.

Ces rues étaient encombrées de chariots difficiles à manœuvrer et provocants régulièrement des accidents en abîmant les façades ou en écrasant les piétons. À ces chariots, s’ajoutaient toutes sortes d’animaux : chevaux, ânes, chèvres, cochons et volailles se baladant en liberté et se nourrissaient de détritus. Là aussi, cela pouvait causer des accidents … et un événement insolite dans l’histoire de Paris !

Illustration de l’accident ayant causé la mort de Philippe de France (enluminure datant du 14ème siècle)

Le prince Philippe de France était le fils du roi Louis VI et de sa troisième femme, Adèle de Champagne. Âgé de 14 ans, il avait été désigné comme futur roi et sacré à Reims par son père deux ans auparavant. 

Le 13 octobre 1131, il se déplaçait à cheval dans Paris et il s’engouffra dans une rue étroite près de l’Hôtel de Ville et de la place de Grève : la rue Martroi, aujourd’hui disparue. Un cochon s’est alors mis sur son passage. Le prince est tombé de cheval la tête la première et son cheval la piétiné.

L’abbé Suger proche du roi a ainsi écrit dans sa chronique du règne de Louis VI : « un porc, véritable envoyé du diable, se mit en travers de son chemin et heurta le cheval qui tomba lourdement. Le cavalier fut projeté sur une grosse pierre, piétiné, puis écrasé par le corps du cheval ».

Le prince Philippe est décédé quelques heures plus tard avec, à son chevet, ses parents Louis VI et Adélaïde de Savoie.

Suite à ce drame, Louis VI aurait émis un édit royal interdisant à tous les propriétaires de cochon de les laisser circuler dans les rues de Paris, sous peine de les voir confisquer au profit du bourreau. Cette interdiction n’a toutefois pas été appliquée très longtemps, et d’autres rois ont dû l’imposer de nouveau en 1261, 1369 et 1667. Preuve de la persistance du problème.

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La maison de la colombe

La maison de la Colombe est un petit immeuble qui se trouve dans la rue du même nom, sur l’île de la Cité, dans le 4ème arrondissement de Paris. Il doit son nom à une des anecdotes romantiques de Paris les plus touchantes.

La légende des deux colombes

En 1220, à l’emplacement de cet immeuble, se trouvait une maison — accolée à l’ancienne enceinte gallo-romaine — et appartenant à un sculpteur breton qui travaillait à la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Celui-ci avait apprivoisé un couple de colombes qui logeait près de l’unique fenêtre de la maison. Or, un jour, une crue de la Seine a provoqué l’effondrement de la maison, et la femelle colombe s’est retrouvée prisonnière de gravats. La colombe mâle a nourri sa compagne en allant lui chercher des graines et en lui portant de l’eau de la Seine grâce à un brin de paille. Émus par le spectacle, les habitants du quartier ont libéré la colombe des décombres de la maison. Les retrouvailles du couple ont été fêtées par tous les oiseaux de l’île, qui entamèrent une danse dans le ciel.

Une sculpture représentant les deux colombes a été placée devant la maison qui a été reconstruite au même emplacement. Cette légende s’est transmise de génération en génération, et, jusqu’au 16e siècle, de jeunes mariés parisiens venaient se jurer fidélité dans cette rue. Une pratique qui été par la suite interdite par l’église Notre-Dame, qui y voyait du paganisme.

En 1792, la statue a été détruite, mais différents bas-reliefs ont été ajouté sur la façade la maison afin de rappeler l’histoire des deux colombes.

La Maison

La maison, quant à elle, a été surélevée au 16ème siècle et a vu s’installer une taverne au rez-de-chaussée : La Taverne St Nicolas, qui aurait été fréquentée par le célèbre bandit Louis Dominique Garthausen, dit Cartouche.

À travers les siècles, la bâtisse et le commerce sont passés entre les mains de divers propriétaires. Entre 1954 et 1964, on y trouvait par exemple le Cabaret de la Colombe, où ont débuté plusieurs vedettes de la chanson française de l’époque comme Jean Ferrat ou Georges Moustaki.

Aujourd’hui, on y trouve un bar à vins.

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La rue Éginhard

La rue Éginhard est un rue ancienne de Paris située dans le quartier du Marais, dans le 4e arrondissement.

Originellement apparue sous le nom de ruelle Saint-Paul, cette voie a pris sa dénomination actuelle en 1864 en hommage à Éginhard (770-840), homme d’État et biographe de Charlemagne dont il était aussi l’un des conseillers.

Les traces écrites les plus anciennes faisant référence à cette voie datent de 14eme siècle, mais il semble qu’elle existait déjà auparavant. Quoi qu’il en soit — et c’est là sa particularité — elle a conservé la physionomie qu’elle avait au 17ème et 18ème siècle : pavée, étroite, tortueuse, dotée d’un caniveau central, bordée de bâtisses anciennes, et dotée d’une fontaine aujourd’hui condamnée.

Pendant longtemps, une partie des terrains donnant sur cette rue appartenaient aux religieuses de Sainte-Anastase, une congrégation disparue en 1795 qui apportait son aide aux pauvres en leur offrant un hébergement temporaire pour une durée de 3 nuits maximum. Ce passé est rappelé par un vasistas orné du monogramme SA (pour Sainte-Anastase) au-dessus d’une porte donnant sur la ruelle.

Enfin, des arcades nous rappellent aujourd’hui l’emplacement d’anciennes boutiques.

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Hôtel des archevêques de Sens

L’Hôtel des archevêques de Sens – dit Hôtel de Sens – fait partie des rares Monuments du Moyen-Âge de Paris encore debout. Il se trouve dans le quartier du Marais, dans le 4ème arrondissement.

L’Hôtel de Sens, vers 1900

Un hôtel particulier

Au moyen-âge, les princes, les grands seigneurs et les ecclésiastiques de haut rang souhaitant être présents dans Paris afin d’être proches du pouvoir et de l’administration royale, vivaient dans des hôtels particuliers. Il s’agissait souvent de sorte de châteaux urbains, plus ou moins grands, qui possédaient des tours, des tourelles et différents bâtiments reliés par des galeries autour d’une cour centrale dotée d’un puits, de jardins et d’écuries.

On en comptait plus d’une cinquantaine, dont une grande partie se trouvait à proximité du Louvre ou dans le Marais. Toutefois, ceux datant d’avant la fin du 14ème siècle ont été détruits ou totalement modifiés par la suite. Il n’en reste aujourd’hui que quelques-uns à Paris, tels que l’hôtel de Clisson datant de 1375 ou l’hôtel des archevêques de Sens.

L’archevêque de Sens

L’Hôtel de Sens a été construit entre 1475 et 1519 pour le compte de Tristan de Salazar, l’archevêque de Sens, supérieur hiérarchique de l’évêque de Paris, et conseiller personnel du roi.

Construit dans un style gothique flamboyant, cet hôtel particulier présente la particularité d’avoir une partie civile (trois corps de logis autour de la cour) et une partie militaire (deux tourelles d’angle autour de la porte d’entrée et une autre dans la cour).

Les autres résidents

Par la suite, l’hôtel particulier a été occupé par des membres de la famille royale, de la noblesse, ou par leurs invités. Parmi eux, on peut citer l’apothicaire et astrologue Michel de Nostredame — dit Nostradamus — qui y a résidé en 1555 à l’invitation de la reine Catherine de Médicis. On peut également évoquer Marguerite de Valois, dite Reine Margot. Cette dernière n’y est restée également qu’une année, mais elle a marqué l’histoire du lieu, car c’est devant la porte de l’Hôtel que l’un de ses amants a été tué d’une balle dans la tête par son précédent amant… qu’elle a ensuite fait décapiter au même endroit.

Devenu bien national, en 1790, L’Hôtel de Sens a été vendu en 1797 et a ensuite successivement été occupé par une blanchisserie, une fabrique de conserves alimentaires, un coupeur de poils de lièvres, un opticien, puis une confiturerie, avant de servir de dépôt à une verrerie au début du XXe siècle et d’être partiellement détruit par un incendie en 1911.

L’hôtel de Sens a alors été racheté par la ville de Paris pour servir de salle aux conseils des prud’hommes. Il abrite aujourd’hui la bibliothèque Forney, consacrée principalement à l’affiche et à la publicité.

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Maison de ville de l’abbaye de Maubuisson

La bâtisse à l’apparence médiévale que l’on trouve dans la rue des Barres, dans le quartier  Saint-Gervais, était la maison de ville de l’abbaye de Maubuisson, un établissement religieux situé au nord de Paris dans le Val-d’Oise.

Façade de l’Abbaye de Maubuisson, située dans le Val-d’Oise et datant du 13ème siècle

Quartier Saint-Gervais

Le quartier Saint-Gervais était en effet très prisé des congrégations religieuses, soucieuses d’être présentes près du pouvoir central parisien. À partir du XIIIe siècle, de nombreuses communautés monastiques, cisterciennes en particulier, y ont ainsi fait construire des résidences qui servaient également de lieu de conservation de leur production agricole, destinée à être écoulée sur le marché parisien.

Une architecture représentative du Moyen Âge

Cette maison date de 1540, mais elle reprend des éléments architecturaux des maisons du Moyen Âge.

Les maisons ordinaires avaient alors des façades assez étroites avec une ou deux fenêtres par étage. Fenêtres la plupart du temps sans vitre, jusqu’au 14e siècle.

Elles étaient constituées d’un rez-de-chaussée de pierre de taille et de trois ou quatre étages à colombage, c’est-à-dire avec une charpente de bois dont les interstices étaient comblés avec des moellons recouverts de plâtre, des briquettes jointées ou encore du torchis (terre argileuse et paille ou foin).  À noter qu’en 1607, la ville de Paris a obligé les propriétaires des maisons de recouvrir les façades et les poutres apparentes de chaux ou de plâtre afin de limiter les risques d’incendie. Elles n’ont été de nouveau découvertes que récemment à l’occasion d’opération de rénovation.

Autre élément caractéristique : la présence dans l’angle de la maison d’un poteau cornier – large poteau souvent en bois mais ici en pierre – laissé à découvert et parfois décoré. Un peu avancé par rapport à la façade du rez-de-chaussée, il permettait de soutenir les étages supérieurs qui étaient à encorbellement. 

En effet, à Paris, les maisons médiévales étaient construites de façon à ce que chaque étage soit plus avancé sur la rue que l’étage inférieur. Cela permettait de gagner quelques mètres carrés de surface habitable supplémentaire à chaque niveau, de protéger les façades de bois et les passants de la pluie. Toutefois, cela avait pour inconvénient d’empêcher la lumière du jour d’éclairer correctement la rue, ce qui contribuait à l’insalubrité et à l’insécurité. Du reste, les deniers étages des maisons qui se faisaient face de part et d’autre de la rue se touchaient presque, ce qui facilitait la propagation des incendies. Raison pour laquelle les vieux encorbellements ont été supprimés et la construction de nouveau interdite après 1667 (avant d’être réautorisé après 1882, à condition qu’ils soient à plus de 6 mètres du sol et qu’ils ne s’avancent pas trop sur la rue).

Dernier élément extérieur caractéristique des maisons du Moyen Âge : le sommet de la façade en pignon, c’est-à-dire en triangle.

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Maisons médiévales de la rue Miron

Dans la rue François Miron, dans le 4ème arrondissement, on peut trouver deux constructions plutôt insolites à Paris en raison de leur apparence médiévale.

Au début du 20ème siècle, ces deux bâtisses ont été datées du 13ème siècle et considérées comme les plus maisons encore debout les plus anciennes de Paris. Cela a permis de les sauver plusieurs fois de la destruction. Toutefois, des recherches plus récentes ont montré que ces deux bâtisses sont seulement des reproductions de construction médiévale et datent en fait du 17ème siècle.

Quoi qu’il en soit – comme la maison de ville de l’abbaye de Maubuisson – elles ont toutes les composantes des maisons du moyen-âge : façade étroite, mur de pierre au rez-de-chaussée, porte d’entrée basse, margelle séparant les boutiques au rez-de-chaussée, poteau cornier, étages de faible hauteur en colombage, petites fenêtres, sommet de la façade taillé en triangle. Manque seulement l’encorbellement, sans doute supprimé après 1667. D’ailleurs, le colombage avait aussi été recouvert de plâtre, mais a été remis à jours lors d’une rénovation en 1967.

Les noms de ces deux bâtisses renvoient également à un autre élément très courant des maisons au moyen-âge : les enseignes. Ainsi, celle de gauche s’appelle la maison à l’enseigne au faucheur. La seconde se nomme maison à l’enseigne au mouton.

En effet, jusqu’au 15eme siècle, les rues n’étaient pas numérotées à Paris. Du reste, beaucoup de parisiens étaient analphabètes. Aussi, des enseignes de bois peint ou de fer forgé étaient apposé aux façades des maisons afin d’indiquer la nature du commerce se trouvant au rez-de-chaussée, de distinguer son commerce du concurrent se trouvant à côté, ou plus largement pour différencier les maisons les unes des autres.

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L’Enceinte Gallo-Romaine de l’Île de la Cité

Parmi les vestiges les plus anciens de Paris, on compte l’enceinte construite autour de l’île de l’Île de la Cité au tout début du 4ème siècle. Aujourd’hui, il en quelques tronçons conservés et présentés dans la crypte archéologique du parvis de Notre-Dame … et un  marquage au sol au milieu de la rue de la Colombe.

Au début du 4ème siècle, Paris s’appelait encore Lutèce et était sous encore domination romaine.

La cité faisait face depuis plusieurs décennies aux attaques des Alamans venant de l’est et des Francs venant du Nord. Pour cette raison, et pour d’autres, la partie sud de la cité, sur les flancs de la montagne Sainte-Geneviève – la où se trouve actuellement le Panthéon – a été en partie délaissée. La plupart des habitants qui sont restés à Lutèce se sont alors repliés sur l’île de la Cité.

Reconstitution de la Lutèce Gallo-romaine de la fin du IIème siècle. L’ïle de la Cité se trouve au premier plan.

Pour protéger l’île, les habitants ont construit un mur — un castrum — en réutilisant les pierres déjà taillées des arènes de Lutèce afin de gagner du temps.

Ce mur épais était formé de blocs superposés en pierres sèches, c’est-à-dire sans mortier ni ciment. Il mesurait probablement 2 mètres de haut et 2,50 mètres de largeur à la base pour 2 mètres au sommet. Sommet qui devait sans doute comporter un encorbellement en bois afin d’y circuler.

Il faisait le tour de l’île et était dressé à 15 mètres des rives de la Seine de l’époque. L’espace entre le mur et la Seine servait de chemin de ronde.

Enfin, l’enceinte était peut-être jalonnée de tours, mais nous n’en sommes pas sûrs. De même, nous ne connaissons pas exactement la date de la disparition de cette enceinte, mais elle en tout cas elle n’existait plus au 12ème siècle.

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