Kiki de Montparnasse

Alice Ernestine Prin — connue sous le pseudonyme de Kiki de Montparnasse ou Kiki — était un modèle et une artiste incontournable du quartier Montparnasse durant l’entre-deux-guerres. En marquant ainsi la vie du quartier, elle est devenue une figure historique de Paris.

Une enfance difficile

Alice Ernestine Prin est née en 1901 en Bourgogne. Conçue hors mariage et non reconnue par son père, elle a été élevée par sa grand-mère, dans une très grande pauvreté. À 12 ans, elle a été envoyée à Paris rejoindre sa mère qui y travaillait dans un atelier.

À 14 ans, elle a arrêté l’école et a commencé à exercer différents métiers en tant qu’apprentie : brocheuse dans une imprimerie, fleuriste, laveuse de bouteilles consignées dans un magasin Félix Potin ou encore visseuse d’ailes d’avion. À 16 ans, après avoir quitté un emploi dans une boulangerie et s’être retrouvée sans revenue, elle a accepté de poser nue pour un sculpteur du quartier Montparnasse où elle vivait avec sa mère. Cette activité était bien payée, mais sa mère l’a mise à la porte lorsqu’elle l’a appris, car elle considérait cela comme de la prostitution.

Modèle

Malgré cela, Alice Ernestine Prin a poursuivi sa carrière de modèle pour des peintres et des sculpteurs du quartier. Elle s’est également mise à fréquenter assidûment la brasserie de la Rotonde où se retrouvaient de nombreux artistes. Elle s’est alors métamorphosée en adoptant une coupe au bol, soulignant ses yeux avec du khôl et ses lèvres avec un rouge très marqué.

À la Rotonde, elle a rencontré le peintre Maurice Mendjizki, pour qui elle a posé, avec qui elle s’est mise en ménage en 1918, et qui lui a donné son surnom : Kiki. À la même époque, elle a aussi servi de modèle pour des œuvres d’Amedeo Modigliani, Tsugouharu Foujita, Moïse Kisling et bien d’autres.

À partir de 1921, elle a travaillé pour le photographe américain Man Ray, leur collaboration aboutissant notamment à la célèbre photo « Le violon d’Ingres ». Elle a aussi tourné dans ses courts-métrages, comme « L’étoile de mer », en 1928. En couple avec lui, elle a emménagé dans l’immeuble de style Art déco du 31 bis rue Campagne-Première, à Montparnasse, composé d’ateliers d’artistes.

Artiste

Depuis ses débuts de modèle, Kiki de Montparnasse a appris à chanter, danser et même à peindre en commençant à faire les portraits de soldats britanniques et américains croisés à la Rotonde. Elle a fini par être exposée dans diverses galeries parisiennes au tournant des années 1920 et 1930.

Les lavandières (peinture de Kiki de Montparnasse datant de 1927)

Devenue une véritable célébrité, Kiki a été désignée « reine de Montparnasse » en 1929 lors d’un gala de bienfaisance organisé au théâtre Bobino, situé rue de la Gaîté. L’année suivante, elle a publié un livre de souvenirs, préfacé par Ernest Hemingway. Censuré aux États-Unis, l’ouvrage est néanmoins un véritable succès.

Tenancière de cabaret

Au début des années 1930, elle s’est mise à faire le tour des cabarets parisiens — comme le Moulin de la Galette à Montmartre — pour y chanter et danser, afin de payer les soins médicaux de sa mère et de son compagnon de l’époque, le journaliste Henri Broca. En 1937, elle a d’ailleurs ouvert son propre établissement « Chez Kiki », dans la rue Vavin, toujours à Montparnasse.  

Toutefois, en proie à la dépression, elle sombre lentement dans l’alcool et la drogue. Du reste, la Seconde Guerre mondiale a mis un coup d’arrêt à l’ambiance insouciante et festive du quartier. Finissant dans la misère et la solitude, Kiki est morte en 1953. Elle repose au cimetière du Montparnasse.

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