Alice Milliat est une une figure féminine de Paris et une militante du sport. Elle a dirigé le Fémina Sport situé dans le 14ème arrondissement de Paris et fondé la Fédération des sociétés féminines et sportives de France.
Alice Milliat nait le 5 mai 1884 à Nantes, en Loire-Atlantique, où ses parents tiennent une épicerie dans le centre-ville.
À 19 ans, elle part en Angleterre. Elle y occupe un emploi de préceptrice dans une famille aisée de Londres, avec laquelle elle voyage également aux États-Unis et en Scandinavie. Cette situation lui permet d’apprendre l’anglais et d’autres langues, mais aussi de commencer à pratiquer un sport, puisque cela est alors à la mode au sein des classes aisées anglaises. Elle apprécie tout particulièrement le football et l’aviron. Enfin, elle découvre avec intérêt la lutte des suffragettes anglaises pour l’égalité et le droit des femmes.
En 1907, elle rentre à Nantes. Son mari, rencontré à Londres, décède la même année. Veuve et indépendante, Alice Milliat part alors pour Paris et y travaille comme sténographe-interprète.
Maryse Bastié devient membre du Fémina Sport, un des premiers clubs sportifs féminins français, fondé en 1911.
Le club est basé dans le stade Elisabeth situé dans le 14ème arrondissement de Paris. Il attire plutôt les jeunes sportives de condition modeste, issues des nouvelles classes urbaines, mais se cantonne alors aux disciplines traditionnellement réservées aux jeunes filles — des cours de gymnastiques rythmiques et dansées — là ou d’autres clubs féminins plus progressistes autorisent déjà le football.
Alice Milliat devient présidente du Femina sport en 1915. C’est peut-être sous son influence que le club commence à proposer d’autres sports : athlétisme et basket-ball d’abord ; puis football ; et même rugby, selon les règles de la barette mises en place par Marie Houdré.
Elle poursuit également la pratique de l’aviron à haut niveau et remporte en 1922 le trophée « Audax-rameur » pour avoir parcouru 80 kilomètres sur la Seine en moins de 12 heures.
En 1917, Alice Milliat organise le premier championnat d’athlétisme pour femmes et crée la Fédération des sociétés féminines et sportives de France (FSFSF) deux ans plus tard. En 1922, cette fédération organise dans le stade Pershing à Paris les premiers Jeux olympiques féminins. Et cela, en réponse à la décision de Pierre de Coubertin et du CIO de faire de leurs Jeux olympiques une compétition réservée aux hommes dans laquelle les femmes ne sont autorisées qu’à jouer au golf, au tennis, au tir à l’arc … et à remettre les médailles dans les autres disciplines.
Les jeux mis en place par Alice Milliat sont un succès, néanmoins Pierre de Coubertin reste inflexible. Aussi, entre 1924 et 1934, elle en organise cinq autres éditions, renommées Jeux mondiaux féminins après que le CIO ait fait interdire l’utilisation du mot «olympique» en invoquant un plagiat. En 1934, à Londres, Alice Milliat finit par attirer plus de 6 000 spectateurs par jours.
Face à ce succès grandissant qui risque de faire de l’ombre aux Jeux olympiques, le CIO accepte d’ouvrir aux femmes des disciplines supplémentaires, et notamment en athlétisme, à partir des JO de1928 à Amsterdam. Alice Milliat est même conviée à participer au jury.
La question de la dilution des Jeux mondiaux féminins au sein des JO fait alors débat au sein de la FSFI, mais Alice Milliat encourage l’organisation à les maintenir afin de continuer à faire pression sur le CIO. D’ailleurs, lorsque la FSFI commence à décliner, notamment en raison de la crise économique des années 1930 qui réduit les subventions dont elle bénéficie, le CIO réduit la participation féminine aux JO. Et Alice Milliat n’y est plus invitée.
Fatiguée et attaquée dans la presse, Alice Milliat finit par quitter ses fonctions de présidente de la FSI, qui ne lui survit pas et disparaît en 1938. Alice Milliat reprend alors un travail d’interprète et de traductrice et meurt dans l’anonymat le 19 mai 1957.
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Amélie Élie — surnommée Casque d’Or — était une prostituée parisienne. Elle a été rendue célèbre par la presse en raison de son implication dans un affrontement entre deux bandes de voyous en 1902 et elle a finie par devenir un personnage historique de Paris !
Prostitution
Amélie Élie est née en 1870 à Orléans, puis a rapidement déménagé à Paris avec ses parents. Elle a ainsi grandi dans une petite chambre de l’impasse des Trois-sœurs, près de la rue Popincourt, dans le 11ème arrondissement. Ce quartier était insalubre. On y trouvait essentiellement des ouvriers, des chiffonniers et des marginaux. L’espérance de vie enfants y était sept fois inférieures à celle des beaux quartiers de la capitale. Et une fille sur dix finissait par s’y prostituer.
À quatorze ans, Amélie Élie a perdu sa mère et s’est retrouvée à la rue. Elle a alors été recueillie par une péripatéticienne qui se faisait appeler « Hélène de Courtille » et qui vivait dans le quartier de Belleville, dans le 20ème arrondissement. Cette dernière l’a alors mise sur le trottoir afin qu’elle se prostitue elle aussi. C’est à cette époque qu’Amélie Élie a pris le surnom de Casque d’Or en raison de sa chevelure blonde coiffée de façon à ressembler à un casque.
Triangle amoureux et bagarres entre bandes
Après avoir fui un autre proxénète sous la coupe duquel elle était tombée, Casque d’Or, alors âgée de dix-neuf ans, est tombé amoureuse de Joseph Pleigneur, dit Manda. Ce dernier, âgé de vingt-deux, était le chef d’une bande du quartier de Charonne et il était notamment connu pour ses compétences dans la fabrication d’outils de cambrioleur, comme de fausses clefs ou encore des pinces coupantes.
Amélie Élie a continué de se prostituer et Manda était souvent absent. C’est ainsi qu’en 1902 elle a rencontré un certain Dominique Leca, ancien militaire et chef d’une autre bande située dans le quartier de Popincourt, le quartier où elle avait grandi.
Manda n’a pas accepté que Casque d’Or le quitte et — accompagné de sa bande — il s’en est alors pris à Leca qui a fini par recevoir par un coup de couteau. Manda a été arrêté par la police, mais Leca a refusé de témoigner contre lui et il a été libéré. L’affrontement entre la bande de Charonne et celle de Popincourt s’est donc poursuivi durant plusieurs jours, dans différents quartiers de Paris, à coup de couteau, de hachette et de revolver. Manda a été de nouveau arrêté et envoyé en prison grâce au témoignage des parents de Leca.
Entre-temps, toute cette affaire avait attiré l’attention de la presse en plus de celui de la police.
Célébrité
En effet, en ce mois de janvier 1902, l’histoire a fait la une de la presse qui s’est indignée de la présence de ces bandes de voyous au milieu de Paris, de l’insécurité régnant en ville et de l’incapacité des autorités à y mettre fin. Un journaliste du Petit Journal écrivit ainsi : « Ce sont là des mœurs d’Apaches, du Far West, indignes de notre civilisation. Pendant une demi-heure, en plein Paris, en plein après-midi, deux bandes rivales se sont battues pour une fille des fortifs, une blonde au haut chignon, coiffée à la chien ! ».
Au-delà de l’indignation, le public s’est piqué d’intérêt pour Casque d’Or, la prostituée qui a suscité les passions et pour qui des dizaines d’hommes se sont battues dans la capitale. Amélie Élie a alors été sollicitée afin de poser pour des photographes et des peintres. Des cartes postales et des tableaux ont été faits à son effigie et des chansons ont été écrites pour narrer ses aventures. Elle a même engagé pour jouer son propre rôle au théâtre. Cela lui a permis de gagner de l’argent et de vivre confortablement avec Leca pendant un temps.
Mais même si Manda était emprisonné, les affrontements entre sa bande et celle de Leca se sont poursuivis et ce dernier a également été enfermé. En mai 1902, Manda et Leca ont été jugées et condamnées aux travaux forcés au bagne à Cayenne, en Guyane. Leca s’en est évadé en 1916 et n’a pas été retrouvé. Manda a été libéré en 1922, mais n’a pas été autorisé à revenir à Paris.
Personnage historique de Paris
Casque d’Or, quant à elle, s’est vue proposer de publier ses mémoires sous la forme d’un feuilleton dans les colonnes de la revue littéraire Fin de Siècle. Ce qu’elle fit durant l’été 1902. Le préfet de police lui a toutefois interdit de se produire de nouveau sur scène.
En 1917, elle s’est mariée avec un cordonnier dont elle a élevé les quatre neveux. Elle a tenu un commerce de bonneterie pendant un temps et en 1925 elle a repris la gestion de trois maisons closes située dans la rue des Rosiers. Elle est morte de la tuberculose en 1933.
Depuis, son histoire a fait l’objet de livres, de bandes dessinées et même d’un célèbre film de Jacques Becker sorti en 1952 et interprété par Simone Signoret. Un jardin du 20ème arrondissement de Paris porte son nom depuis 1972. Elle est ainsi devenue un personnage historique de Paris !
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Paris a connu quelques catastrophes naturelles dans son histoire. À ce titre, on peut évoquer le grand hiver de 1879… ou encore la crue de 1910 durant laquelle une partie de Paris a été submergée par les eaux.
Manque d’anticipation malgré des signes avant-coureurs
En 1909, Paris a connu un été très pluvieux et d’abondantes précipitations à l’automne qui ont saturé les sols d’eau. La région a ensuite été frappée par un début d’hiver très froid qui a gelé les sols et qui les a rendus encore plus difficilement pénétrables par la pluie. Or à la mi-janvier d’importants orages se sont de nouveau abattus sur la région parisienne. Les sols étant déjà gorgés d’eau et impénétrables, l’eau a ruisselé jusqu’aux affluents de la Seine et provoqué leurs crues.
Rapidement, des communes de la banlieue de l’Est parisien ont commencé à être inondées, mais personne à Paris n’a semblé prendre la mesure de ce qu’il risquait de se passer et rien n’a été préparé pour faire face à la crue dans la capitale.
Peut-être que ce manque d’anticipation a été causé par un sentiment d’invulnérabilité et une confiance trop forte des Parisiens dans leur ville. En effet, celle-ci s’était modernisée à la faveur de la révolution industrielle ; l’électricité, le métro et les véhicules à moteur s’y étaient développés ; et elle connaissait un rayonnement international depuis l’exposition universelle de 1900.
Quoi qu’il en soit, le 20 janvier 1910, ce qui a été appelé la « semaine terrible » a commencé pour Paris.
Montée du niveau de la Seine
Dès le 20 janvier, le Zouave du pont de l’Alma avait déjà les pieds dans l’eau. Cette statue de Georges Diebolt, inaugurée en 1856, représente un des soldats de la guerre de Crimée. Elle fait office de repère de la montée des eaux de la Seine. Lorsque ses pieds sont sous l’eau, cela signifie que le niveau de la Seine se trouve à 3,80 mètres de hauteur d’eau au-dessus de la normale. Le jour même, la navigation sur la Seine a donc été arrêtée, car il n’y a plus assez de place pour passer sous les ponts. Du reste, les berges étaient inondées.
Le 28 janvier, à l’apogée de la crue, l’eau a atteint les épaules du Zouave du pont de l’Alma. Le niveau de Seine a ainsi fini par atteindre les 8,62 mètres au-dessus de la normale.
Paris sous l’eau
Entre-temps, dès le 21 janvier, les eaux de la Seine se sont diffusées par infiltration dans tous les réseaux souterrains de la ville (égout, distribution d’eau, téléphone, métro…). L’eau ressortait dans la ville par les bouches d’égout et les sorties du métro… précédées par des nuées de rats qui vivaient dans les égouts et qui fuyaient la montée des eaux.
12 arrondissements de Paris et 40 kilomètres de rues ont ainsi été inondés, soit 720 hectares au total.
Les zones autour de la Seine ont été les plus touchées, en particulier celles qui correspondaient au lit du fleuve à l’époque néolithique puis à des marécages progressivement asséchés à partir du Moyen Âge, comme le quartier du Marais qui a donc été totalement submergé.
Or, ces espaces autour de la Seine ont toujours concentré les fonctions politiques et culturelles de Paris et de la France. Les lieux de prise de décision ont donc été largement désorganisés par la crue. De nombreuses archives importantes ont été perdues, comme celles du Palais de Justice sur l’île de la Cité. Des musées importants ont aussi été endommagés, même si les tableaux conservés dans les sous-sols du Louvre ont été sauvés in extremis.
Au final, ce sont 20 000 immeubles qui ont été touchés et plus de 200 000 Parisiens (sur 3 millions) qui se sont retrouvés sans logement. Certains se sont réfugiés chez leurs voisins à l’étage supérieur ou dans leurs familles. D’autres ont été hébergés dans des gymnases comme celui de la rue Saint-Lambert.
Dès le 22 janvier, le gouvernement a débloqué 2 millions de francs-or, puis 20 millions en plus le 11 février pour dédommager les victimes de cette catastrophe naturelle.
Paris à l’arrêt
Les rues se sont transformées en canaux semblables à ceux de Venise, et la circulation en tramway, en voiture ou à pied est devenue impossible. Du reste, la moitié du réseau métropolitain existant à l’époque a été inondée, toutes comme les Gares d’Orsay, d’Austerlitz et de Saint-Lazare.
Le 22 janvier, le gouvernement a donc envoyé l’armée pour installer des planches de bois au niveau des habitations les plus proches de la Seine. D’autres Parisiens ont eu recours à des chevaux quand le niveau de l’eau n’était pas trop haut ou bien à des barques.
Avec la montée des eaux, les installations électriques et téléphoniques sont tombées en panne dans tout Paris. L’usine de la Société Urbaine d’Air Comprimé située dans le 13e arrondissement a également été arrêtée. Or, l’air comprimé alimentait à l’époque les horloges publiques, les ascenseurs, les pompes à eau, et de nombreuses machines dans les usines. Enfin, les stocks de charbon n’ayant pas été mis à l’abri, une grande partie était détrempée et inutilisable. Sans électricité, sans air comprimé et sans charbon, toute l’industrie du bassin parisien a donc été immobilisée.
Ce n’est pas tout. Les usines d’épuration située au bord de la Seine sont devenues inaccessibles et l’eau potable a manqué dans certains quartiers de Paris. Les égouts ont débordé et ont reflué dans les rues et dans la Seine.
De même, des dizaines de milliers de fosses septiques dans les sous-sols qui n’étaient pas raccordés aux collecteurs municipaux ont été inondées.
Les incinérateurs de déchets ont subi le même sort que les usines d’épuration, et comme les bateaux qui évacuaient hors de Paris les ordures ne pouvaient plus passer sous les ponts, les déchets ont commencé à s’amonceler dans la ville. Le préfet a donc mis en place l’opération « Ordures au fil de l’eau » consistant à collecter et déverser les déchets dans la Seine, en aval de Paris, à partir du pont de Tolbiac. 1 300 tonnes de déchets ont ainsi été noyées dans le fleuve, volontairement ou non.
L’eau étant ainsi polluée, des cas de scarlatine et de typhoïde sont apparus, tandis les autorités ont commencé à craindre une épidémie de choléra, comme en 1884.
Épilogue
À partir du 29 janvier 1910, l’eau a commencé à baisser, mais il fallut attendre la mi-mars pour que la crue soit entièrement résorbée. Il a ensuite fallu plus de deux mois pour évacuer les boues et la vase, pomper l’eau des caves, désinfecter et assainir les sous-sols et les immeubles.
Au total, l’inondation a causé des dégâts d’un montant de 400 millions de francs-or (soit l’équivalent de plus de 1,6 milliard d’euros). La catastrophe a aussi fait une victime à Paris et une trentaine dans sa banlieue.
Pour éviter qu’une telle catastrophe ne se reproduise, il a été décidé de renforcer la surveillance des affluents de la Seine. Des barrages-réservoirs ont aussi été construits après une nouvelle inondation en 1924. Ces grandes constructions permettent de retenir une partie de l’eau des rivières en crue en amont de Paris.
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Jacques Doucet était un grand couturier, un collectionneur et un mécène des années 1880-1920. Sa contribution à l’histoire de l’art en fait un personnalité historique de Paris.
Couturier
Jacques Doucet est né à Paris en 1853. Son père vendait des chemises pour hommes, et sa mère de la dentelle et de lingeries pour dames dans leur boutique située au 21 rue de la Paix, à deux pas de l’Opéra Garnier inauguré en 1875.
C’est d’ailleurs en 1875, alors qu’il était âgé de 22 ans, que Jacques Doucet a repris l’entreprise familiale. Il a alors étendu leur activité en ajoutant aux chemises et à la lingerie, la confection de robes et de manteaux sur mesure. Il incorpore de la dentelle, des ornements de lingeries et s’inspire de la mode du 18ème siècle dans ses créations. Il a ensuite adapté ses confections aux évolutions du goût, notamment après la Première Guerre mondiale.
Rapidement, ses négligés, ses robes d’intérieur et ses robes de soirée ont font sa renommée. Et l’entreprise Doucet — devenu l’une des premières maisons de haute-couture de Paris — est devenue un lieu incontournable de la mode parisienne pour une riche clientèle d’actrices et de femmes du monde, comme Réjane, Sarah Bernhardt, Liane de Pougy, ou la Belle Otéro.
La maison Doucet — aujourd’hui disparue — a ainsi eu une grande influence dans l’histoire de la mode. Jacques Doucet a d’ailleurs formé plusieurs assistants qui sont eux-mêmes devenus de grands noms de la mode, comme Madeleine Vionnet ou Paul Poiret.
Néanmoins, Jacques Doucet n’appréciait pas être défini comme couturier, il préférait être perçu comme un collectionneur d’art, son autre grande passion.
Collectionneur d’art
En effet, il a rapidement investi dans l’art une partie de la fortune gagnée grâce à la mode. Il a ainsi constitué une première collection de mobilier, d’objets décoratifs et d’œuvres d’art datant du 18ème et 19ème siècle. Et cela sans doute, pour emménager sa demeure en vue de son mariage avec une jeune femme issue d’une famille noble qu’il aimait en secret.
Après la mort de cette dernière, en 1912, il a vendu la quasi-totalité de cette collection lors d’une vente aux enchères qui a été qualifiée de « vente du siècle » par les journaux de l’époque, et qui lui a rapporté presque 15 millions de francs anciens, soit l’équivalent de 47 millions d’euros.
Il s’est ensuite lancé dans la constitution d’une nouvelle collection, en s’appuyant sur les conseils de spécialistes de différents courants artistiques. Il s’est alors concentré sur le mobilier et l’art moderne ou contemporain.
Il conservait ses plus belles pièces dans les différents appartements qu’il a eu et qui ressemblaient donc à de véritables musées. Son dernier logement — un hôtel particulier de la rue Saint James à Neuilly démoli après sa mort — était ainsi équipé d’une collection de pièces Art-Déco signées de Marcel Coard, Joseph Csaky, Jean Dunand, Eileen Gray et Pierre Legrain. L’appartement s’ouvrait sur un vestibule où étaient accrochées Les Demoiselles d’Avignon de Picasso. On y trouvait une pièce, d’inspiration orientale, remplie de porcelaines chinoises, de cristaux, d’émaux et de statuettes bouddhistes. Et dans la salle principale, des peintures — de Manet, Cézanne, Degas, Van Gogh, Matisse, Picasso, ou encore Miro — trônaient non loin d’œuvres primitives de Côte d’Ivoire et d’Afrique centrale.
À noter que le couturier Yves-Saint-Laurent, s’est par la suite inspiré de ce décor pour aménager son propre appartement et constituer sa propre collection.
Bibliophile
Conseillé par différents spécialistes, Jacques Doucet a également constitué une bibliothèque couvrant l’art de tous les temps et de tous les pays, et rassemblant 100 000 volumes, ainsi que des manuscrits originaux, des esquisses et travaux préparatoires ayant servi à la conception d’œuvres d’art, des photographies documentaires, et une collection de dessins.
Pour faire de la place à cette bibliothèque, il a racheté 6 appartements mitoyens à son logement d’alors situé rue Spontini dans le 16ème arrondissement de Paris.
En 1917, il en a légué le contenu à l’université de la Sorbonne en 1917, qui l’a installé en 1936 dans les locaux de l’Institut d’art et d’archéologie, rue Michelet. En 2003, cette bibliothèque a été déplacée dans la salle Labrouste de l’Institut national d’histoire de l’art.
En 1929, Jacques Doucet est mort des suites d’une maladie cardiaque. Entre-temps, il avait vendu sa maison de haute-couture à un financier qui l’a fusionné à l’entreprise du couturier Georges Doeuillet pour en faire la marque Dœuillet-Doucet qui a perduré jusqu’en 1937.
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Alice Ernestine Prin — connue sous le pseudonyme de Kiki de Montparnasse ou Kiki — était un modèle et une artiste incontournable du quartier Montparnasse durant l’entre-deux-guerres. En marquant ainsi la vie du quartier, elle est devenue une figure historique de Paris.
Une enfance difficile
Alice Ernestine Prin est née en 1901 en Bourgogne. Conçue hors mariage et non reconnue par son père, elle a été élevée par sa grand-mère, dans une très grande pauvreté. À 12 ans, elle a été envoyée à Paris rejoindre sa mère qui y travaillait dans un atelier.
À 14 ans, elle a arrêté l’école et a commencé à exercer différents métiers en tant qu’apprentie : brocheuse dans une imprimerie, fleuriste, laveuse de bouteilles consignées dans un magasin Félix Potin ou encore visseuse d’ailes d’avion. À 16 ans, après avoir quitté un emploi dans une boulangerie et s’être retrouvée sans revenue, elle a accepté de poser nue pour un sculpteur du quartier Montparnasse où elle vivait avec sa mère. Cette activité était bien payée, mais sa mère l’a mise à la porte lorsqu’elle l’a appris, car elle considérait cela comme de la prostitution.
Modèle
Malgré cela, Alice Ernestine Prin a poursuivi sa carrière de modèle pour des peintres et des sculpteurs du quartier. Elle s’est également mise à fréquenter assidûment la brasserie de la Rotonde où se retrouvaient de nombreux artistes. Elle s’est alors métamorphosée en adoptant une coupe au bol, soulignant ses yeux avec du khôl et ses lèvres avec un rouge très marqué.
À la Rotonde, elle a rencontré le peintre Maurice Mendjizki, pour qui elle a posé, avec qui elle s’est mise en ménage en 1918, et qui lui a donné son surnom : Kiki. À la même époque, elle a aussi servi de modèle pour des œuvres d’Amedeo Modigliani, Tsugouharu Foujita, Moïse Kisling et bien d’autres.
À partir de 1921, elle a travaillé pour le photographe américain Man Ray, leur collaboration aboutissant notamment à la célèbre photo « Le violon d’Ingres ». Elle a aussi tourné dans ses courts-métrages, comme « L’étoile de mer », en 1928. En couple avec lui, elle a emménagé dans l’immeuble de style Art déco du 31 bis rue Campagne-Première, à Montparnasse, composé d’ateliers d’artistes.
Artiste
Depuis ses débuts de modèle, Kiki de Montparnasse a appris à chanter, danser et même à peindre en commençant à faire les portraits de soldats britanniques et américains croisés à la Rotonde. Elle a fini par être exposée dans diverses galeries parisiennes au tournant des années 1920 et 1930.
Devenue une véritable célébrité, Kiki a été désignée « reine de Montparnasse » en 1929 lors d’un gala de bienfaisance organisé au théâtre Bobino, situé rue de la Gaîté. L’année suivante, elle a publié un livre de souvenirs, préfacé par Ernest Hemingway. Censuré aux États-Unis, l’ouvrage est néanmoins un véritable succès.
Tenancière de cabaret
Au début des années 1930, elle s’est mise à faire le tour des cabarets parisiens — comme le Moulin de la Galette à Montmartre — pour y chanter et danser, afin de payer les soins médicaux de sa mère et de son compagnon de l’époque, le journaliste Henri Broca. En 1937, elle a d’ailleurs ouvert son propre établissement « Chez Kiki », dans la rue Vavin, toujours à Montparnasse.
Toutefois, en proie à la dépression, elle sombre lentement dans l’alcool et la drogue. Du reste, la Seconde Guerre mondiale a mis un coup d’arrêt à l’ambiance insouciante et festive du quartier. Finissant dans la misère et la solitude, Kiki est morte en 1953. Elle repose au cimetière du Montparnasse.
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Au 3 Rue Michelet, dans le 6e arrondissement, vous trouverez l’un des immeubles les plus insolites de Paris : L’Institut d’art et d’archéologie. On y enseigne actuellement l’histoire de l’art.
L’idée de construire ce bâtiment a été lancée en 1917 par l’université de la Sorbonne, afin d’accueillir la collection de livres d’art et d’archéologie qui lui avait été léguée par Jacques Doucet.
Ce dernier était le propriétaire d’une maison de haute couture parisienne dont la clientèle était composée de femmes du monde et de célébrité comme Sarah Bernhardt. Grâce à sa fortune, il avait constitué une immense collection d’œuvre d’art et de livres rares et anciens, avec peut-être l’objectif premier de l’offrir à une femme qu’il aimait secrètement… mais qui est morte avant qu’il ne lui déclare ses sentiments.
L’Institut d’art et d’archéologie — également appelé Centre Michelet, en raison de la rue sur laquelle il donne — a été inauguré en 1927. Sa construction a été rendue possible grâce à un important don de la marquise Arconati-Visconti et a été confiée à l’architecte Paul Bigot.
Le sommet du bâtiment, et ses pointes dirigées vers le ciel, s’inspirent de l’architecture mauresque et subsaharienne et notamment de la Grande mosquée de Djenné, au Mali. Les murs de briques rouges rappellent, quant à eux, l’architecture toscane et l’apparence du Palazzo Pubblico de Sienne.
Sur les murs, on peut voir une frise en terre cuite qui reproduit des morceaux de bas-relief et de statuts datant de l’antiquité, du moyen-âge et de la Renaissance. On peut par exemple y distinguer un griffon – créature légendaire dotée d’un corps de lion, d’ailes d’aigle et d’une tête d’aigle avec des oreilles de cheval – reproduisant exactement celui que l’on trouve sur la frise du temple d’Antonin et Faustine, à Rome.
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Le Polidor est un restaurant est un restaurant historique de Paris qui se trouve dans la rue Monsieur-le-Prince, dans le 6ème arrondissement, juste à côté du jardin du Luxembourg et du Panthéon.
Cet établissement a été créé au début du 19ème siècle. Il s’agissait alors d’une crèmerie où l’on consommait essentiellement des œufs, du laitage et du fromage, mais qui servait aussi des repas. Par la suite, la crèmerie a été abandonnée au profit de la seule restauration.
La devanture et l’intérieur du Polidor datent du début du 20ème siècle et n’ont pas changé depuis cette époque, même si elles ont été rénovées récemment. La décoration, quant à elle, est une accumulation de meubles, d’objets, de peintures et de photos qui se sont accumulés au cours des cent dernières années et qui rappellent souvent la clientèle — aujourd’hui célèbre — qui y mangeaient régulièrement.
En effet, le Polidor est connu pour avoir été fréquenté par de nombreux poètes, écrivains et artistes en tout genre, attirés par le quartier et les tarifs abordables du restaurant : Ionesco, Boris Vian, James Joyce, ou encore Ernest Hemingway.
D’ailleurs, dans le film Midnight in Paris de Woody Allen, le personnage principal remonte le temps et rencontre l’auteur de Le vieil homme et la mer … dans la salle du Polidor !
Cette salle accueille aujourd’hui une clientèle essentiellement touristique, mais le menu reste celui d’un bistrot parisien traditionnel de par les plats proposés et les tarifs.
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La tour Montparnasse est la tour la plus haute de Paris intra-muros … et aussi l’un des monuments les plus détestés de Paris. Elle a été conçue par les architectes Jean Saubot, Eugène Beaudouin, Urbain Cassan et Louis de Hoÿm de Marien. Elle a été inaugurée en 1973.
La tour a été construite sur l’emplacement de l’ancienne gare de Montparnasse. En effet, dans les années 1960, cette dernière était devenue trop petite. Il a donc été décidé de la reconstruire et de la reculer sur 400 mètres. Cela permettait de libérer 12 hectares de terrain dans le centre de Paris.
Certains ont donc proposé d’en profiter pour restructurer le quartier — qui était alors considéré comme insalubre — pour en faire le nouveau quartier d’affaire de la rive gauche. Un certain Edgar Pisani, préfet de la Haute-Marne et homme de réseau, a alors lancé l’idée de construire une grande tour, ce qui permettrait d’accroitre la rentabilité du terrain (dont il possédait une partie). Malgré les critiques, il a obtenu le soutien d’André Malraux, alors ministre d’État aux Affaires culturelles, et la tour a pu voir le jour.
Pour construire cette tour de 209 mètres de haut, il a fallu déblayer 420 000 mètres cubes de gravats, installer une quinzaine de grues, et enfoncer 56 piliers en béton armé jusqu’à 70 mètres de profondeur pour maintenir debout 120 000 de matériel sur un sol crayeux.
Cette opération de rénovation de Montparnasse a aussi entraîné la disparition de soixante-dix ateliers d’artistes et cassé la vie artistique et bohème du quartier. Montparnasse est ainsi devenu à la fois un quartier de loisirs le soir, avec ses théâtres, ses cinémas, ses restaurants et ses cafés et un lieu de bureaux et de passage le jour.
La tour Montparnasse, quant à elle, n’est toujours pas rentrée dans le cœur des Parisiens. D’ailleurs, pour certains, le sommet de cette tour offre le plus beau panorama de Paris, car c’est le seul endroit où on ne la voit pas.
Vue panoramique depuis le toit de la tour © Amaya & Laurent
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Maryse Bastié est une pionnière de l’aviation et une personnalité liée à Paris. Elle repose au cimetière du Montparnasse depuis 1952.
Née à Limoges en 1953, Maryse Bastié est orpheline de père à l’âge de 11 ans. Elle devient ouvrière dans une usine de chaussures, se marie une première fois et a un fils qui meurt très jeune. Divorcée, elle se remarie avec le pilote Louis Bastié. Avec lui, elle se découvre une passion pour l’aviation, alors en plein développement.
Le 29 septembre 1925, elle obtient son brevet de pilote et deux mois plus tard, elle vole de Bordeaux à Paris. Malgré la mort de son mari l’année suivante, elle persévère et devient monitrice de pilotage. Installée à Paris, elle donne des baptêmes de l’air et fait de la publicité aérienne. Par la suite, elle fonde une véritable école de pilotage à Orly, dans la banlieue parisienne.
Dans les années 1930, elle établit surtout plusieurs records féminins. On peut par exemple citer le record de durée avec un vol de 37h55 en 1930. Ou encore un record de distance avec un vol de 2 976 km entre Paris et Uring en URSS, pour lequel elle reçoit la Légion d’honneur et le Harmon Trophy. En 1936, elle traverse également l’atlantique sud, du Sénégal au Brésil.
Maryse Bastié s’engage pour l’égalité des femmes à une époque à laquelle ces dernières n’ont pas les mêmes droits que les hommes. En 1934, elle milite ainsi pour que les femmes aient le droit de vote en France, en soutenant Louise Weiss qui se présentait alors aux élections législatives de 1936 dans le 5e arrondissement de Paris.
Dans un contexte de montée des tensions entre la France et l’Allemagne, elle milite également pour la création, en cas de guerre, d’une section féminine au sein de l’Armée de l’air. Sa proposition n’est pas retenue.
Toutefois, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle est recrutée avec le grade de sous-lieutenant pour convoyer des avions vers le front. Démobilisée après la rapide défaite française, elle s’engage alors dans la Croix-Rouge afin d’aider les prisonniers de guerre. Elle est alors blessée au bras par un soldat allemand, ce qui l’empêchera dès lors de piloter seule. À la libération de la France, elle est promue lieutenant. Elle continue ensuite d’exercer dans l’armée de l’air et finit avec le grade de capitaine, totalisant 3 000 heures de vol.
En 1951, elle meurt dans l’accident d’un prototype d’avion.
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